Pas de bavards à la Muette

Et maintenant, allez-vous m’accuser de l’avoir tué ?
Je haussai les épaules :
— Allons, allons, calmez-vous ! Et excusez-moi. Loin de
moi la pensée que vous ayez tué Rosembaum. Mais si
vous aviez persisté à me cacher son nom, j’aurais pu
concevoir certains doutes.
Nous restâmes un instant silencieux. Je jouais toujours
avec la déchirure de la housse. Mme Ailot se leva.
— Maintenant, il faut que je parte, dit-elle.
Je me levai aussi.
— Je regrette de vous avoir été si peu utile.
— Ne regrettez rien, fit-elle, radoucie. Si vous ne
m’aviez pas suggéré que Célestin pouvait avoir caché son
butin ici, je ne serais jamais rentrée en possession de mes
bijoux. C’est vous qui me les avez fait retrouver.
— Bien sûr… Avez-vous des nouvelles de Suzanne ?
demandai-je, cependant qu’elle faisait un paquet de sa
pacotille.
— Je… j’ai voulu la voir. Mais elle est au secret ou
presque. Très malade, dit-on. J’aimerais mieux que nous
ne parlions pas de cela, soupira-t-elle.
— J’ai appris que vous l’aviez pourvue d’un excellent
avocat.
— C’est mon mari… Je… Après tout, il n’est peut-être
pas si mauvais que ça.
— Personne n’est tout à fait bon, ni tout à fait mauvais.
Un voyou chevaleresque m’a téléphoné tout à l’heure.
— Un voyou chevaleresque ?
— Ça existe. Je dois le rencontrer demain, sur
l’hippodrome d’Auteuil. Il m’a dit que Suzanne était