Pas de bavards à la Muette

evolver, pas un ectoplasme. M’en étant convaincu, je le
rempochai. Pour le ressortir presque aussitôt, et
l’examiner mieux. À un moment ou à un autre, un
silencieux – qui avait laissé des traces sur le canon –
l’avait agrémenté. De toute façon, ce n’était pas un
pistolet de dame. Je le rengainai.
Je ramassai la robe que portait Suzanne, cette robe de
satin noir qui vous fondait sous la pogne en moins de
deux, à la demande et au moment crucial, pour ainsi dire.
J’avais réfléchi qu’elle devait être un peu vaste pour la
jeune fille, et il y avait de ça, mais il y avait autre chose.
Un dispositif ingénieux de pressions-boutons. Il suffisait
que certain d’entre eux cède pour provoquer la chute
libre de la robe. Curieux vêtement pour une petite fille
bien élevée et de bonne famille. Je me serais plutôt
attendu à trouver ça parmi les accessoires professionnels
d’une tapineuse. Il n’y avait pas à dire ! Cette môme, qui
attendait le Prince Charmant, nourrissait dans sa petite
tête quelques idées de derrière les fagots. Mais, de nos
jours, il ne faut s’étonner de rien. Il n’y a plus d’enfants,
comme dit Jean-Jacques Delbo.
Drôle de môme, quand même ! « J’ai déjà tué ma
mère », avait-elle dit. Je regardai sous le divan, des fois
qu’elle y ait dissimulé le cadavre. Rien sous le divan. Mais
il y avait quelque chose sous la commode, entre les pieds
bas et trapus de laquelle j’avais vue, en raison de ma
position accroupie. Quelque chose qui brillait faiblement,
et de justesse, à la limite de l’ombre. Une troisième
douille ? Si c’était une troisième douille, ça modifiait le
problème. Ou plutôt, ça en posait un, puisque, jusqu’à