Pas de bavards à la Muette

les initiales et ils continueront, pour peu-que vous le
demandiez. Mais pas sur le ton que vous avez cru devoir
employer à mon égard. Vous iriez au-devant d’une
désillusion. Bon. La jeune meurtrière de la rue Berton ne
porte pas votre nom. Voilà ce que je dis. Et voilà ce que
j’ajoute : si le scandale éclabousse votre nom, ce ne sera
pas de mon fait, parce que j’ai plus souvent mission et
habitude de l’étouffer que de l’exploiter ; et si ce n’est pas
de mon fait, ne croyez pas que vos menaces et aboiements
soient pour quelque chose dans ma conduite. Bonsoir,
monsieur.
Je me levai. Il resta assis :
— Parfait, dit-il. De toute façon, j’espère ne jamais vous
revoir.
— Ça, je ne sais pas, fis-je. Mme Ailot est ma cliente, je
dois retrouver ses bijoux, il me faudra lui rendre compte
de la marche de mon enquête…
— Rendez-lui compte par téléphone, retrouvez ou ne
retrouvez pas ses bijoux, je m’en moque, mais…
— Vous ne tenez pas à ce qu’on les retrouve ?
— Je m’en moque. Certains lui appartenaient en
propre, d’autres venaient de ma famille, mais dès lors
qu’elle les a portés… Je me moque de votre succès ou
insuccès. Ce que je veux…
— Je sais. Préserver votre nom de toute souillure. Je
vous le répète : s’il ne tient qu’à moi, Mme Ailot, votre fils
et vous, continuerez à le porter fièrement.
Qu’avais-je dit de si extraordinaire ? Je crus qu’il allait
bondir de son siège, me sauter dessus et m’écharper :
— Sortez ! gueula-t-il. Allez au diable, vous et cette