Pas de bavards à la Muette

dans une cachette qu’il devait être seul à connaître, un
revolver, par pur instinct défensif à retardement. Car, s’il
avait eu ce revolver en poche, lors de la bagarre, il en
aurait fait usage. Le mot « police » l’avait rassuré, lui
avait insufflé suffisamment d’énergie pour qu’il se hisse
péniblement le long de la porte, ouvre celle-ci. Coriace et
obstiné, mais la mort avait été la plus forte. Son ultime
effort l’avait définitivement claqué. J’étais arrivé trop
tard. Quelques minutes plus tôt et il aurait parlé, il
m’aurait dit à quoi rimait ce drame. Maintenant…
Maintenant, il n’y avait qu’à filer. C’était un macchabée
pour les flics, ça. Je leur laissais le soin de le découvrir
eux-mêmes. Ça n’arrangerait en rien mes affaires de me
mouiller dans cette histoire… en admettant que je puisse
passer au travers. Il ne fallait pas oublier que le gros
chauve savait que je m’intéressais à Rosembaum. Enfin !
on verrait bien.
Je promenai mon mouchoir sur toutes les surfaces où
avaient pu batifoler mes doigts et vidai les lieux.
*
* *
Au risque d’avoir des cauchemars, ma dernière pensée,
avant de m’endormir, fut pour Roger Lozère, mon
agresseur à domicile, le judoka qui employait parfois des
moyens plus radicaux. Car, je ne croyais pas me tromper,
c’était sa voix que j’avais entendue au téléphone.