Pas de bavards à la Muette

que, comme ce n’était pas la première fois, elle était
mithridatisée, pour ainsi dire… Et maintenant, les
gangsters. Ils apprennent par les journaux le maquillage
du crime. À part Lasserre, ils s’en foutent. Suzanne ou
une autre… Mais ils apprennent aussi qu’un flic privé est
dans le coup, sans pouvoir démêler exactement sa
position. Méfiance. Ils ne peuvent pas demander des
tuyaux à Mme Ailot. Mme Ailot est entourée de flics.
Mieux vaut rester à l’écart de Mme Ailot. Mais l’écoute de
la radio leur fournissant mon adresse, ils envoient
Lasserre pour me sonder. Et Lasserre, qui doit trouver
peu régulier de faire endosser à une môme le crime
commis par un jeune imbécile, se propose de me faire
comprendre qu’elle est innocente. Mais il se dégonfle ou je
manœuvre maladroitement. Il s’en va, Gros-Jean comme
devant. Ma présence dans ce turbin, le pas de clerc
commis par Lasserre, tout cela ne dit rien qui vaille à ces
messieurs et ils décident d’agir vite. Avec sa machination,
Mme Ailot est plus que jamais à leur merci. Si, toujours
prudents, ils ne vont pas la voir, ils peuvent lui
téléphoner. « Où sont les vrais bijoux ? À qui les avezvous
vendus ? Parlez, sinon… » Elle parle. Elle a fait faire
les copies par Rosembaum. Elle a dû vendre les vrais à
Rosembaum. Et Rosembaum lui-même devra dire à qui il
a vendu la broche. Ils foncent chez Rosembaum.
Vraisemblablement sous le prétexte d’une transaction
honnête. Ils apprennent quelque chose ou ils
n’apprennent rien. Est-ce que les livres de comptes qu’ils
compulsent leur sont d’une quelconque utilité ? Je ne sais.
Mais ça se termine mal pour Rosembaum, peut-être