Pas de bavards à la Muette

avertissement ? un message ?
— Hum ! fit Zavatter.
« Je pardonne à ceux qui m’ont donné »… Le cœur
bien accroché… Pas le mien, puisque je suis cardiaque…
Un cœur bien accroché… comme une broche en forme de
cœur ? Pourquoi pas ? Un cœur qui s’ouvre comme un
médaillon… Un cœur pouvant contenir un document.
*
* *
Les heures qui suivirent, je les passai seul. Je veux dire
sans Hélène ni Zavatter. Mais prétendre que j’étais seul…
Idées et personnages se mêlaient dans mon crâne. À dix
heures, je décidai d’aller poser quelques questions à
Mme Ailot. Je fus plutôt mal reçu, rue du Ranelagh, où la
tirelire d’enterrement paraissait de rigueur. Jérôme, le
larbin, était en train d’essayer de m’éconduire, lorsque
M. Ailot surgit d’une pièce comme un diable d’une boîte. Il
me foudroya du regard :
— Foutez-moi le camp, gueula-t-il.
Je foutis le camp sans rien répliquer. Ma théorie n’était
pas encore au point et ce n’était pas à M. Ailot que je
voulais l’exposer. Je me laissai vider comme un
malpropre, Détective privé besogneux, grossier et sans
préjugés ! On verrait bien lequel était le plus malpropre.
Bon Dieu ! si ça s’était goupillé comme je l’imaginais !
Passy ! Passy… la bonne soupe !
Je me retrouvai rue Berton sans trop savoir comment.
L’habituel calme campagnard régnait sur le coinsto. Le
calme ! De quoi se marrer, vraiment ! Un bon marrage
bien grinçant, les dents serrées ! Je m’introduisis dans le