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Pas de bavards à la Muette

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uit, au plus ténu mouvement et, soudain, un crissement<br />

prolongé <strong>de</strong> freins fit éc<strong>la</strong>ter ce silence en mille échos. À<br />

quelques mètres <strong>de</strong>vant moi, au croisement, une auto,<br />

venant <strong>à</strong> vive allure <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue du Rane<strong>la</strong>gh, stoppa <strong>de</strong><br />

justesse pour éviter un piéton qu’elle prit dans le pinceau<br />

lumineux <strong>de</strong> ses phares. L’automobiliste et l’impru<strong>de</strong>nt<br />

piéton échangèrent <strong>de</strong>s invectives sonores. Le silence,<br />

c’était le silence. Compact et tout, quand il était <strong>de</strong><br />

service. Mais si on le rompait, les responsables <strong>de</strong> cette<br />

rupture en vou<strong>la</strong>ient pour leur fric. L’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

personnages qui s’engueu<strong>la</strong>ient possédait une voix avinée<br />

du plus gracieux effet. Enfin, sur un <strong>de</strong>rnier mot bien<br />

senti, précis, définitif, <strong>la</strong> voiture redémarra et disparut<br />

dans l’autre partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue du Rane<strong>la</strong>gh, toujours en<br />

trombe. Le rescapé <strong>de</strong> l’écrabouillement s’était fondu<br />

dans l’ombre, mais j’avais mis <strong>à</strong> profit le peu <strong>de</strong> temps<br />

qu’il jouait les papillons aveuglés, pour i<strong>de</strong>ntifier,<br />

surmontant un imperméable, un galurin gris très élégant.<br />

Je hâtai le pas, retrouvai <strong>la</strong> piste <strong>de</strong> mon bonhomme un<br />

peu plus haut, au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Marronniers, celle<br />

qui servait <strong>de</strong> garage <strong>à</strong> ma Dugat 12. Peu après, je le<br />

perdis une nouvelle fois <strong>de</strong> vue. Cette nuit, ce n’était pas<br />

comme dans l’après-midi. Yves Bénech, s’il avait été<br />

jusque-l<strong>à</strong> dans <strong>la</strong> lune, n’y était plus. Il se méfiait <strong>de</strong> ce qui<br />

se passait <strong>de</strong>rrière lui. Il m’aperçut dans son sil<strong>la</strong>ge et se<br />

pelotonna dans l’encoignure d’une porte <strong>de</strong> l’ancienne<br />

station du chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> ceinture, au coin <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s<br />

Vignes, croyant me semer. Mais ce qu’on sème, ça<br />

repousse, et ceinture pour <strong>la</strong> ceinture. Après être resté un<br />

moment indécis sur le trottoir d’en face, je l’avisai, qui

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