Pas de bavards à la Muette

Suffisamment loin l’un de l’autre pour que le judo soit
inopérant. Le revolver rend les hommes égaux, mon pote.
Toi qui es un voyou, médite cette forte parole de voyou.
J’entendis ouvrir la porte, je l’entendis se refermer,
j’entendis qu’on donnait un tour de clef de l’extérieur.
Précaution superfétatoire. Je n’étais pas en état de lui
courir après. Regrettable…
Je restai immobile sur la descente de lit, à écouter le
silence nocturne et les battements de mon cœur qui le
troublaient, et aussi l’armée de petits lutins qui s’agitaient
dans mon crâne. Une voix lointaine, dont j’étais seul à
percevoir le son, une voix consolante, la voix de mon
inconscient dit :
« Tu es emporté sur les montagnes russes. Ça monte
et ça descend. Tu as été sûr de la culpabilité de Bénech et
puis tu as douté. Et plusieurs fois comme ça. Tu as été sûr
de l’existence d’un, gang et puis tu as douté. Et plusieurs
fois comme ça. À présent, tu ne peux plus douter. Un gang
est mêlé à l’affaire et il vient de t’envoyer un
ambassadeur. Merci du tuyau, M. Lozère, Aveyron,
Hérault ou Puy-de-Dôme. Merci beaucoup. »
*
* *
Le temps passa. J’abandonnai ma descente de lit et
m’en fus dans le cabinet de toilette me confectionner des
compresses à l’aide de mouchoirs que j’appliquai sur mes
bosses. Puis, je ramassai mon pétard, appelai le veilleur
de nuit au téléphone et lui demandai de venir me délivrer.
Ce jeune journaliste, farceur comme tous les journalistes,
m’avait enfermé en s’en allant. Quel type, hein ? Le