Pas de bavards à la Muette

puis ses yeux s’étaient attardés sur sa cousine, juste au
bon moment. Juste au moment où, à la suite d’un
mouvement, s’étaient écartés les pans du manteau, et il
l’avait vue se découper sur fond noir, à poil, tout ce qu’il y
avait de plus. Un très joli spectacle. Un verni, ce jeune
homme. Qui utilisait ses châsses à point nommé. Ni trop
tôt ni trop tard. Maintenant, peut-être que ça ne lui
apprenait rien, après tout. Cousin-cousine, je ne sais pas,
moi, mais ça m’a toujours paru équivoque, comme
parenté.
*
* *
— C’est horrible ! se lamenta Mme Ailot. Horrible !
Je… que… qu’allons-nous faire ?…
Pour la troisième fois en l’espace de quelques heures,
nous étions de nouveau seuls, dans la pièce réservée à nos
tête-à-tête. À la longue, les bibelots qui l’encombraient
n’auraient plus de secret pour moi. Ça me changerait. Ma
cliente avait couché sa nièce et maintenant elle attendait
que je lui rende un dernier service, sans oser le formuler
de but en blanc. Je croyais deviner lequel.
— … Peut-être devrais-je appeler un docteur ? fit-elle.
— Si vous voulez, dis-je. Si vous connaissez un toubib
dévoué qui consente à se déranger à cette heure-ci. Mais
les flics en amèneront certainement un avec eux, ne
serait-ce que pour Bénech.
— Les… Vous voulez dire… la police ?
— Je veux dire la police. Il faut l’avertir.
— Vous ne pourriez pas…
Elle s’interrompit. Nous y étions.