Pas de bavards à la Muette

ai déjà dit que je ne savais pas ce que vous me vouliez et
que, de toute façon, je m’en moquais. Je vous ai dit aussi
que vous ne parviendriez pas à m’effrayer. Je le répète.
Je ne vais pas m’amuser à nier quoi que ce soit. Vous
paraissez être très au courant. Je vous dirai seulement
que la police, officielle ou non, n’est pas, que je sache,
gardienne de la vertu de nos patronnes, et que leur vie
privée ne la regarde pas. Voilà pourquoi vous me voyez si
tranquille et voilà pourquoi vous perdez votre temps. Je
n’ai commis rien d’illégal ni de délictueux.
— Vous ne niez pas ?
— Je n’en vois pas la nécessité.
— Je peux quand même vous poser quelques
questions ?
— Toutes les questions que vous voudrez.
— Pour le moment, une suffira. Pourquoi avez-vous
traité Bénech de crétin, tout à l’heure ?
— Parce que c’en est un. Et un crétin malhonnête, qui
plus est. Lorsqu’on occupe, dans une place, la situation
qu’il occupait, on n’essaie pas d’ajouter à son tableau de
chasse la jeune fille de la maison. C’est déloyal.
— En somme, il n’a eu que ce qu’il méritait ?
— Oui.
Un silence, puis :
— Ça vous rapporte beaucoup, ce bizness ?
Il prit un ton offensé :
— Vraiment ! vous êtes d’une curiosité !
— Allons, allons, monsieur René ! Puisque vous n’avez
rien à craindre…
— Eh bien, soit ! Ces places sont en général