Pas de bavards à la Muette

egard, surpris et scrutateur :
— Que… que voulez-vous dire ?
— C’est du toc. Fer-blanc doré et éclats de vitre. Du
beau boulot, pour du toc, mais c’est du toc. Pas autre
chose.
— Voyons… voyons… c’est impossible !
— Regardez mieux, insistai-je.
Elle se pencha sur la broche, la tourna et retourna en
tous sens :
— Vous devez avoir raison, dit-elle enfin, d’une voix
sourde, en relevant la tête.
Peut-être par un phénomène de mimétisme, ses yeux
avaient des reflets métalliques :
— … C’est… c’est incroyable. Je ne sais plus que
penser. Certes, je n’ai jamais prétendu que la broche que
je possédais soit un modèle unique… et si vous aviez
trouvé cela ailleurs qu’au pavillon… mais puisque vous
l’avez trouvée au pavillon… un rapport s’impose… Mais ce
n’est pas ma broche. Ce n’est pas ma vraie broche. Alors…
croyez-vous que des faussaires habiles…
— Habiles et rapides, alors ? Ma foi ! ce n’est pas exclu.
Et il me vient une idée. Pourquoi ne serait-ce pas là une
autre forme de la combine des associés de Bénech ? De
Bénech and Co ? Ils exécutent des copies des bijoux qu’ils
volent, ce qui fait qu’on ne s’aperçoit pas immédiatement
de la disparition des pièces authentiques. Avec vous, ça
s’est passé différemment. L’hypothèse n’en reste pas
moins valable. Et si l’on a tout lieu de penser que la
victime de la substitution préfère, elle aussi, cette
substitution à une disparition brutale…