Pas de bavards à la Muette

maudite femme.
Je caltai. Dans le couloir, pas de Jérôme en vue, mais
j’étais assez grand pour trouver tout seul la sortie. Dans le
hall, quelqu’un me héla. Je me retournai sur le fils de la
maison, le jeune André, qui semblait me guetter. C’était
un gars qui dormait trop ou pas assez. Il avait toujours les
yeux bouffis et vagues.
— Bonjour, m’sieu, dit-il. Vous voulez voir m’man ?
— Non, dis-je. Excusez-moi auprès d’elle. Je n’ai rien
de neuf à lui apprendre. Elle est, certes, plus gentille et
aimable que votre père.
Je m’interrompis et scrutai son visage. Les fils ne sont
pas obligés de ressembler physiquement aux pères, mais
enfin, il y a toujours quelque chose, un trait, une
expression, un air de famille, comme on dit. Et à Passy
comme ailleurs. Or, si on retrouvait un peu du visage de la
mère sur celui d’André, rien ne rappelait M. Ailot. Ouais…
— Oui ? amorça le jeune homme, me voyant dans la
lune et essayant de m’en faire descendre.
— Eh bien, souris-je, excusez ma franchise, mais
l’entrevue avec votre père me suffit pour aujourd’hui.
Il sourit également :
— Je comprends. Que vous voulait-il ?
— M’injurier, d’abord. Me demander, ensuite, de ne
pas faire faire tache d’huile au scandale.
— Oui, oui. Il a été très mécontent que m’man ait fait
appel à vos services. Ce n’est quand même pas la faute de
m’man si Suzanne…
— Il semble s’imaginer que votre mère a fait appel à
moi uniquement pour le plaisir. Il y avait tout de même ce