Pas de bavards à la Muette

un peu dégueulasses ont toutes les ressources à leur
disposition. Il peut la réduire à la portion congrue, la tenir
par ce fils qui n’est pas de lui, mais que Mme Ailot semble
adorer, en dépit de sa brusquerie à son égard, etc.
— Mais ce ne sont là, dit Hélène, que des suppositions,
n’est-ce pas ?
J’en convins.
— … Et plutôt oiseuses. Mais il est visible comme le nez
au milieu de la figure que M. Ailot n’aime pas sa femme,
qu’il la déteste même, elle et sa maudite famille, comme il
dit, et que le jeune André, qui porte son nom, n’est pas de
lui. Et ça, ça compte.
— Bon. Et les bijoux ? Les bijoux faux ? Nous nous en
éloignons, il me semble.
— Nous y revoici. Il était une fois un certain
M. Fitzauray…
Je racontai l’affaire Fitzauray :
— … M. Ailot a agi de même, conclus-je. Ce sont donc
des colifichets d’Uniprix qu’a barbotés Bénech.
— Dans ces conditions…, fit Hélène.
Elle avança une moue, puis se pinça les lèvres, pour, en
fin de mimique, se coller du rouge sur les dents :
— … Je me demande pourquoi il n’a pas accepté tout
de suite les cent mille francs que vous lui offriez. C’était
bon à prendre.
— C’est ce qu’il a dit, aussi, que c’était bon à prendre.
Mais outre qu’il n’avait pas tous les bijoux sur lui et qu’il
lui fallait peut-être prendre conseil de ses complices,
c’était un fortiche. Enfin, il se croyait fortiche. Et comme
tous les fortiches, il a voulu fignoler.