Pas de bavards à la Muette

m’avait parlé le gros chauve, René, l’ex-larbinos.
M. Fitzauray, le gars qui estimait que des bijoux faux,
c’était assez bon pour sa femme. Il me vint une idée. Je ne
savais pas où ça me conduirait, mais vérifier ne coûtait
pas cher. Je partis à la recherche du gros chauve.
Je le joignis après dîner, longtemps après dîner, à son
quartier général de la Chaussée de La Muette. Lorsqu’il
me vit radiner, il fronça les sourcils et se renfrogna plus
ou moins, mais par la suite fut assez aimable. Je le pris à
part :
— Je voudrais un tuyau supplémentaire sur l’affaire
Fitzauray, dis-je.
— Je n’aurais pas dû vous en parler, soupira-t-il. Vous
allez encore…
— Juste un tuyau. Votre copain, le chauffeur de
Mme Fitzauray, accusé d’avoir manigancé le truc, s’est
brillamment disculpé, m’avez-vous dit, et tout s’est
découvert. Pour que tout se soit découvert, il a
certainement fallu découvrir aussi l’auteur des copies ?
— Évidemment, monsieur.
— Vous vous souvenez du nom ?
Il activa sa mémoire en passant ses doigts boudinés sur
sa joue grasse :
— Euh… c’était quelqu’un de très bien… Un joaillier de
l’avenue Mozart…
Il eut un geste vers l’avenue Mozart :
— … Je passe souvent devant son magasin… Attendez !
Rosemachin… Un juif. Avenue Mozart. Rose… Ça y est !
Raymond Rosembaum.
— Rose embaume ? Merci. Autre chose. Vous ne