Pas de bavards à la Muette

mon oreille. J’avais perçu comme un heurt contre le
panneau. Jérôme le larbin, sans doute, en pleine tradition
ancillaire. Je me levai, mais Mme Ailot avait enfin compris
et me devança. Elle ouvrit la porte :
— Eh bien, mon petit, qu’est-ce que c’est ? demanda-telle,
d’une voix blanche.
Ce n’était pas le larbin. C’était un jeune homme, drapé
dans une robe de chambre qui en aurait contenu trois de
sa catégorie. Un jeune cornichon ensommeillé, pâle, les
traits tirés, aux yeux bouffis. Sa coiffure à la Marlon
Brando et ses lèvres minces n’embellissaient pas
l’ensemble. Il me bigla avec intérêt, mais sans trop de
surprise. Il était habitué à certaines choses, peut-être !
— Eh bien, André ? s’impatienta Mme Ailot, devant
son mutisme.
— Excusez-moi, bafouilla-t-il. J’avais cru entendre du
bruit.
— Va te recoucher.
— Oui, m’man. Excusez-moi.
Il baissa la tête et battit en retraite. Mme Ailot
referma la porte, la rouvrit pour s’assurer qu’il n’était pas
resté dans le couloir, à s’occuper de ce qui ne le regardait
pas. Elle la referma encore un coup, cette fois pour de
bon :
— Mon fils, soupira-t-elle.
Sur cette présentation à retardement, elle éleva ses
mains à hauteur de visage, les doigts écartés, et ajouta :
— … Ah ! on peut dire qu’entre mon fils, mon mari et
ma nièce… Enfin !… Pour en revenir à Suzanne, je veux
éviter le pire. Quel scandale ! si cet homme l’entraînait je