Pas de bavards à la Muette

l’entendre. Quoi qu’il en soit, il n’en laissa rien paraître. Je
mis la clef dans ma poche, avançai une chaise à mon
visiteur et m’assis sur le lit.
— Je vous écoute, dis-je. Que voulez-vous ?
— Savoir ce que vous faites là-dedans. Je serai le
premier à l’annoncer et ça me posera. J’ai lu Le Crépu, j’ai
écouté la radio, mais je n’y ai rien compris.
— Vous êtes le troisième, en quelques heures, à me
demander ce que je fabrique là-dedans.
— Preuve que c’est intéressant, non ?
— Sans doute.
— Et vous avez filé le tuyau ?
— Non.
— Est-ce que j’ai une chance ?
— Bien faible. Mais je, crois que vous aviez quelque
chose à me dire, vous aussi ?
Il leva sa main blanche, sa main fine, sa main de
femme :
— Donnant, donnant, dit-il. Moi je sais quelque chose…
ou, plutôt, je me doute de quelque chose. Remarquez que
je ne sais pas si ça peut vous aider dans votre boulot, mais
enfin ça peut fournir un sujet de conversation. Seulement,
je voudrais bien savoir d’abord ce que vous goupillez làdedans.
Vous êtes un ami de Mme Ailot ou de cette
pauvre môme ?
— Je n’en sais rien moi-même.
— Parlez d’une réponse !
— Disons que c’est ma cliente. Mme Ailot, je veux dire.
Les gens qui sont en rapport avec un flic privé sont
généralement des clients de ce flic privé.