Pas de bavards à la Muette

d’après elle était à cent kilomètres. Elle avait reconnu
avoir tiré sur Yves Bénech, mais ne pas savoir pourquoi.
Le chauffeur était son amant. Depuis quand ? Elle ne
savait pas. Mais il était son ! amant…
— … Pour ça, grogna Faroux, elle est d’accord avec
nous plutôt cent fois qu’une. Au point que je finis par me
demander si c’est vrai. On dirait qu’elle se vante.
— Un toubib l’a examinée ?
— Vous voulez dire… à ce sujet ?
— Oui.
— Elle n’est pas vierge, si vous voulez le savoir. Elle ne
s’explique pas sa présence rue Berton. Le chauffeur est
venu la chercher dans sa chambre, et elle a dû le suivre,
mais elle prétend ne plus se souvenir. En fin de compte,
elle nous a piqué une crise nerveuse. Pas du chiqué, je
vous en fiche mon billet. Pleurant et hurlant que tout ça
devait arriver, qu’elle avait tué sa mère, etc. Bref,
impossible de poursuivre la séance. D’un côté, ça ne m’a
pas déplu. On l’a transportée à l’hosto où, pour le
moment, on la soigne. D’ici un jour ou deux, on remettra
ça. Nous ou le juge. Et voilà. Il n’y a qu’à attendre.
— En somme, vous n’avez pas recueilli d’aveux
complets et vous êtes perplexe ?
— On ne recueille jamais d’aveux complets du premier
coup, surtout quand on a affaire à quelqu’un qui serait
mieux dans un plumard que sur une chaise. Quant à être
perplexe, ce n’est pas le mot, mais j’ai horreur de ces
histoires où sont mêlées des gamines de vingt piges,
qu’elles soient la victime ou la coupable. À part ça, il est
incontestable que cette fille n’est pas normale, mais