Pas de bavards à la Muette

— … Les inspecteurs de police sont des fonctionnaires
qui maintiennent l’ordre et la loi. Les détectives privés se
complaisent dans des eaux bourbeuses, le scandale. Ils
apportent avec eux le désordre et ils sont en général
d’une moralité douteuse, quand leurs procédés ne sont
pas résolument illégaux. Ils ne s’occupent pas seulement
de ce dont on leur dit de s’occuper, mais ils vont plus loin.
Ils se mêlent de ce qui ne les regarde pas. Ils fouinent
partout, promènent partout leurs sales pattes et leurs
sales regards.
— Hélas ! monsieur, dis-je, en soupirant. S’ils se
contentaient de ce que vous venez de dire ! Mais ils font
aussi chanter leurs clients. Ils couchent avec leurs clientes
et si, par malheur, il y a une jeune fille dans la maison où
on les a imprudemment introduits, ils la violent, sous
prétexte que ça leur stimule l’intellect. C’est du moins de
cette façon que j’ai l’habitude de me conduire.
Il battit des paupières :
— Je ne plaisante pas.
— Excusez-moi. Je croyais.
— Je ne plaisante pas et si je dis que je n’aime pas les
détectives privés…
— J’ai cru comprendre que vous ne les aimiez pas, en
effet.
— Ça suffit, gueula-t-il.
Il ferma le poing et en asséna un coup formidable sur la
table :
— …Ça suffit. Je sais que ma charmante épouse vous a
engagé pour retrouver des bijoux qui lui ont été volés par
Célestin, notre chauffeur, cet homme même que la nièce