Pas de bavards à la Muette

Elle frappa sur le bras de son fauteuil avec colère :
— Aussi, quelle sotte idée, avez-vous eue de louer une
chambre dans son hôtel ! Vraiment…
— C’est une idée Nestor Burma. J’ai des idées comme
ça. Parfois elles sont bonnes parfois elles ne le sont pas. De
toute façon, on ne peut revenir en arrière. Et je ne parle
pas de votre fils, que notre manège a pu intriguer – a
certainement intrigué –, et qui peut bavarder. Les propos
les plus anodins ne tombent pas toujours dans l’oreille
d’un sourd.
— C’est ridicule. Mon fils ne dira rien.
— Ce n’est pas votre fils le plus dangereux. Je ne le
citais que pour mémoire.
— Très bien, fit-elle, d’un ton sec.
Elle me désigna le téléphone :
— … Avertissez la police !… Mon Dieu ! quel scandale !
Je n’y survivrai pas !
— J’informerai les policiers de vive voix, dis-je. Et pas
n’importe lequel. Je connais le chef de la Section Centrale
Criminelle, le commissaire Florimond Faroux. Je suis son
fournisseur. J’essaierai de limiter les dégâts.
Elle eut un geste las :
— Oh ! à présent…
Je la laissai à ses ennuis et m’en fus rue des
Marronniers. On se tuait, dans le coin, mais on ne volait
pas les bagnoles. La mienne m’attendait. Je m’installai au
volant et consultai ma patraque. C’était tout de suite
après avoir découvert ce qui s’était passé rue Berton qu’il
aurait fallu prévenir Faroux. Maintenant, une demi-heure
de plus ou de moins ne changerait rien à l’affaire. Je