Pas de bavards à la Muette

actionna le mécanisme obligeamment mis à la disposition
des piétons pour que les feux de signalisation se mettent
automatiquement au rouge et j’eus la veine de voir un
taxi libre stopper devant les clous. Je me fis conduire à
mon agence où je pris livraison de la valise préparée par
Hélène. Un autre taxi me ramena à l’Hôtel de
l’Assomption.
J’étais dans ma chambre, en train d’inventorier le
contenu de mon bagage, lorsqu’on frappa à la porte.
J’ouvris à la bonniche, toute souriante.
— J’ai vu m’sieu Bénech, dit-elle. Je lui ai expliqué
votre cas. M’sieu Bénech est très gentil. Il va
certainement vous donner un coup de main. Évidemment,
il ne peut pas être à votre disposition, comme ça, hein ?
Alors, si vous êtes chez vous, il vous verra vers dix
heures, ce soir. Il croit que c’est à peu près à cette heurelà
qu’il rentrera, à un quart d’heure près.
— Très bien, dis-je. Je vous remercie.
— Y a pas de quoi, m’sieu.
Elle se débina. Je poursuivis l’inventaire de ma valise.
Enveloppé dans un slip transparent et ourlé de dentelles,
je découvris mon pétard, dont je n’avais pas cru devoir
me munir pour rendre visite à une vieille bourgeoise de
La Muette. Hélène. Mignonne Hélène ! Elle vous avait de
ces idées, tout de même ! Et, surtout, une façon de vous
les exprimer ! Ça relevait de la psychanalyse, ni plus ni
moins. Je roulai le slip en boule et le calai dans un coin de
la valise. Je n’avais pas besoin de porte-bonheur. L’affaire
serait verrouillée dans quelques heures. Toutefois,
j’empochai le feu. Si la bonniche s’avisait de jeter un coup