Pas de bavards à la Muette

parvins pas à obtenir la communication. J’abandonnai.
J’abandonnai le téléphone, mais pas Rosembaum. Il me
fallait voir la bouille qu’il avait, le sire. J’avais laissé ma
bagnole à l’hôtel. J’allai la prendre et je mis le cap sur
l’avenue Kléber.
L’immeuble où demeurait Rosembaum – si
Rosembaum il y avait – élevait ses cinq étages non loin de
l’avenue des Portugais. À part une vague lumière à une
fenêtre du troisième, tout était sombre et plongé dans le
sommeil. La porte s’ouvrait automatiquement par
pression sur un bouton de cuivre bien astiqué. J’entrai. Je
manœuvrai la minuterie et passai devant la loge de la
concierge en lançant un gargouillis à multiples
interprétations : Rosembaum, Lautréamont ou Fantomas.
C’était un de ces immeubles que la dureté des temps a
panachés, des firmes commerciales ayant pris possession
de certains des vastes appartements devenus trop
onéreux pour des fortunes grignotées par des
dévaluations successives. Au bout du couloir, au pied d’un
escalier qui conservait l’aspect majestueux de l’époque où
la maison était habitée bourgeoisement dans sa totalité,
un tableau discret indiquait telle et telle société et l’étage
correspondant. Je gravis l’escalier. Un tapis étouffait le
bruit des pas. La peluche rouge de la rampe était douce au
toucher. Je devais pouvoir trouver mon Rosembaum par
mes propres moyens. Si j’échouais, il serait toujours
temps de réveiller la concierge.
Les trois premiers étages se composaient chacun d’un
unique appartement. Y logeaient respectivement : un
toubib, une société cinématographique et un type qui