Pas de bavards à la Muette

sur le canon ?
— Oui.
— Que voulez-vous que j’en pense ? Sauf qu’il
n’appartient certainement pas à Suzanne. Ni à Suzanne en
particulier, ni à la famille Ailot en général.
— À Bénech, alors ?
— Ça collerait mieux. Et ça peut ouvrir des horizons
sur le type, hein ? En admettant que l’ouverture
d’horizons soit désormais utile. Je ne nourris aucun
sentiment particulier contre ces chauffeurs que la lutte
des classes n’aveugle pas et qui savent pratiquer une
agréable collaboration, mais vous conviendrez que ce sont
tout de même de drôles de corps. Bénech, lui, en tout cas,
en était un. Il pouvait avoir des fréquentations douteuses,
connaître des citoyens pour lesquels posséder un feu à
silencieux est chose banale. Il y a aussi la drogue.
Silencieux et drogue, ça peut aller ensemble. Suzanne
était ivre de drogue. C’est peut-être lui qui la lui a
procurée. Peut-être qu’il n’a jamais pu arriver à ses fins
que de cette manière et que, cette nuit, ça a foiré.
Question de dosage, sans doute. Et alors, à propos de
Bénech et de tout ce que je viens de dire, rectification.
Après tout, peut-être a-t-il volé les bijoux pour les
fourguer le plus classiquement du monde. Peut-être étaitil
en cheville avec un gang spécialisé dans ce genre de
commerce. Vous qui avez étudié l’histoire criminelle de
l’arrondissement, comme vous dites, vous n’avez rien vu
qui puisse cadrer avec ça ?
— Non. Mais s’ils s’attaquent à des bonnes femmes qui
ne portent pas plainte…