Pas de bavards à la Muette

avec – et demeurait non loin du Palais Rose, de feu Boni
de Castelane, l’arbitre des élégances. Ceci établi, je n’en
appris pas plus. Ce qui, à la rigueur, eût été suffisant pour
un chroniqueur mondain ne l’était pas pour mézigue. Je
pris contact avec des domestiques de tous âges, tous
formats, toutes spécialités et tous poils. Résultat : zéro.
Découragé, je rentrai à l’hôtel, caressant l’espoir
qu’Hélène ou Roger Zavatter eussent mieux employé leur
après-midi et découvert un détail à quoi on puisse
s’accrocher, ou que Florimond Faroux m’ait envoyé une
tonne de tuyaux sur le judoka de mon cœur. Aucun
message de mes auxiliaires ou du commissaire ne
m’attendait, mais il y en avait un de M. Ailot. M. Ailot
désirait me voir et le plus tôt serait le mieux. Il avait
transmis cette demande par téléphone et le patron de
l’hôtel, qui l’avait recueillie, me dit que son oreille en
vibrait encore.
Je partis affronter M. Ailot.
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* *
C’était un personnage assez âgé, contemporain de sa
femme à un ou deux ans près, de belle stature, droit
comme un i, d’allure militaire, Dès qu’on était en sa
présence, on cherchait la badine qu’il devait tenir à la
main pour s’en fouetter les bottes. Il n’avait ni badine ni
bottes, mais l’impression subsistait. Il portait un complet
gris foncé, de coupe stricte. Calvitie galopante, teint
coloré, moustache blanche à poils raides et yeux injectés
de sang. La pièce où il me reçut comportait, entre autres
éléments décoratifs, une panoplie d’armes anciennes. Je