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288 ÉTUDE SUR LE DIALECTE BERBÈRE
vache et, comme il l'avait dit, le chacal lui fît des sandales.
Il les lui plaça aux pieds en les serrant fortement : « Lors
que la pluie tombera, dit-il à son compagnon, ne sors pas;
mais lorsque le soleil se montrera, va te promener ». Le
lion suivit ce conseil.
La peau se desséchant, le lion ne put bientôt plus mar
cher. Il passa ses nuits, il passa ses jours à rugir de dou
leur. Une fois, un hérisson qui se promenait, trouva le lion
rugissant et en eut pitié : « Qu'as-tu? lui dit-il. —
Les
san
dales me serrent, dit le lion, et me font bien souffrir ». Le
hérisson apporta de l'eau, en imbiba les sandales et les
enleva au lion ; la bête féroce, alors, cessa ses rugisse
ments. Quant au chacal, il avait déguerpi.
Un jour cependant le lion l'attrapa : « C'est bien toi, lui
dit-il,
qui m'a comprimé les pieds dans des sandales au
point de me faire mourir. —
cal. —
Ce
Je te reconnais, dit le lion,
n'est pas moi! dit le cha
à ta queue coupée. —
Mais si tu le veux, dit l'autre, je t'amènerai cent chacals
sans queue. •—■
Amène-les, dit le lion ».■
Le chacal partit dans la forêt,
rassembla les chacals et
leur dit : « Lorsque je vous appellerai, coupez et accou
rez ». Et, les ayant attachés par la queue, il partit. Quand
il arriva près du lion, il se mit à crier. Les chacals l'enten
dirent. Brisant leur queue, ils s'élancèrent et arrivèrent
près du lion : « Les voilà, fit le chacal ». Et le lion resta à
les considérer en silence.
Comme les ténèbres arrivaient, les chacals allèrent dor
mir au sommet d'une falaise. Notre chacal vint tout au bord
du rocher, tandis que le lion s'en tenait à quelque distance.
Pendant la nuit, le chacal passa de l'autre côté du lion
« Serre-toi, lui dit-il;
me voilà au bord du rocher et je
vais tomber ». L'autre, désorienté, se serra du côté de la
falaise, croyant le faire du côté opposé. Arrivé au bord du