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DES RENI SNOUS 305
On se procure des vêtements de femme,
et l'un des
jeunes gens se déguise en femme. L'homme s'appelle Boû
Jloûd; la femme se nomme Soûna (1).
Boû Jloûd et Soûna vont demander aux portes. Ils dan
sent. Bou Jloûd soulève son épouse dans ses bras, il la fait
tomber ou bien c'est lui qui roule sous Souna. Les gens
sont là à regarder et à rire. Ils chantent, plaisantent
Soûna; ils disent : Soûna veut de la viande.
Ils disent aussi : Dans la poitrine de Yâmna sont des
pommes sans noyaux.
« O hdima lachlâch, dont les sont seins, comme des abricots.
« O hdima, lachlâch, qu'as-tu? qu'as-tu donc?
« O hdima ! fiais attention ! »
Od se moque aussi de Boû Jloûd.
Les gens disent : « Boû Jloûd est encore jeune. Bientôt
nous assisterons à son mariage.
« O vieil épilé qui regarde entre les béquilles.
« O vieux tout nu, les chevreaux ont uriné sur toi! »
Us disent aux peaux qui recouvrent Boû Jloûd :
« Si elle sèche et se racornit, il y a de l'eau dans la théière.
« Si elle sent mauvais et se remplit de vers, il y a du sel
dans le sac de peau. »
La foule se rend aux autres villages ; quand la tournée
est finie,
comme on leur a donné de la viande sèche ou
fraîche, ils vont s'asseoir près du village du Kef,
sur une
grande roche plate ; ils font asseoir les jeunes gens et leur
distribuent la viande crue qu'on leur a donnée; les enfants
l'emportent à la maison pour la faire cuire ; les plus grands
mangent la viande qu'on leur a donnée toute cuite (2).
1. Cf. E. Doutté, Merrâkech, t. I, p. 370.
2. C'est pour la fête du Mouloud que l'on promène à Mazouna un indi
vidu habillé de peaux de chèvres et appelé Bou Jioùd. A cette même
époque, pendant huit jours, un homme déguisé en femme exécute des
danses dans le village, d'autres se masquent.
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