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DES BENI SNOUS 363
fermiers : « Frappez et labourez vite! » Et à ses fils, il
recommanda : « O mes enfants, on ne laboure que pen
dant quarante jours! » Allant à d'autres laboureurs qui ne
travaillaient pas pour son compte, il leur disait, pour
avoir occasion de rire à leurs dépens et pour les attraper :
« Pourquoi frappez-vous les bêtes de labour ! craignez donc
un peu Dieu! l'hiver est long;
allez doucement! Passe
encore s'il ne vous était pas possible de finir les se
mailles! » (1).
Quand ce fut l'été, ses céréales étant coupées, les
fourmis envahirent les meules, et se mirent à manger les
épis. Moûsa ou-Sâlah vint, prit une fourmi, la plaça dans
un étui en roseau, et déposa, à côté d'elle,
un grain d'orge
et un grain de blé; il cacheta ensuite avec de la cire, afin
de voir quelle quantité de grain la fourmi mangerait pen
dant une année.
Mais un homme du pays, qui lui portait envie, l'avait
vu. Il alla trouver le Sultan Noir (2) et il lui dit : « Tu n'es
pas toi-même ! tu ne sais rien.
—
sais pas? demanda le roi. Un ,
mieux instruit que toi, —
— t-il donc fait? Il
Comment est ce silo? —
— Qu'est-ce
donc que je ne
homme de ce pays est
c'est un homme de tête. Qu'a-
a enfermé une fourmi dans un silo.
C'est
—
un tube de roseau dans
lequel il a laissé la fourmi avec un grain d'orge et un grain
de blé. De plus,
place » . A
cet homme a l'intention d'être roi à ta
ces mots, le Sultan Noir perdit la tête : « Amène-
le-moi de suite! ordonna-t-il. «
Moûsa vint. Quand le cultivateur se présenta, le Sultan
1. Cf. aussi ces dictons attribués à Bent el Khass. Cf. R. Basset, La
légende de Bent el Khaes, Alger, 1905, in-8, p. 23.
2. Cf. R. Basset, Nédromah et les Traras, pp. 204-211; E. Doutté,
Merrakech, pp. 211-213, et mon conte : Le fils et la fille du roi, p. 12;
L. Mercier, Les Mosquées et la vie religieuse à Rabat, Archives Marocaines,
t. VIII, p. 144.