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304 ÉTUDE SUR LE DIALECTE BERBÈRE
Les ablutions faites, on va prier à la mosquée. Le fqîh
parle de l'autre vie,
nous apprend combien celui qui n'a
pas prié recevra de coups de Sîd El-Mâlik,
armé d'un
bâton. Ce bâton pèse quarante quintaux et néanmoins
paraît, à l'ange, léger comme une plume.
Quand le prône est fini, les gens sortent. Chacun d'eux,
posant sa main sur la tête de la personne qu'il rencontre,
lui embrasse en même temps ou la tête, ou la main, ou la
poitrine.
Cette cérémonie finie, le fqîh va à sa maison égorger
l'animal de la fête. Dès qu'il l'a égorgé, on tire des coups
de fusil, afin que les gens, entendant le bruit des coups de
feu, égorgent, eux aussi, leur mouton ou leur chèvre. Ils
ont soin de creuser près de l'animal un trou où se réunira
le sang ; on place dans ce trou un charbon et un morceau
de sel (1). Quand la bête est égorgée, il en est qui plongent
leur pied dans le sang ; de la sorte, le pied est préservé des
crevasses en temps de neige (2). Il y a des gens qui con
servent un peu de ce sang dans leurs maisons, on s'en sert
comme remède; on conserve aussi la vésicule du fiel (3), la
queue de l'animal,
trachée-artère,
de maladie.
ainsi qu'un morceau de cartilage de la
qui servira à faire des fumigations en cas
Le soir du second jour de F'Aïd el-Eebîr, on habille
Boû-Jloûd. Les jeunes gens vont demander cinq peaux de
moutons ; deux servent à revêtir les jambes, une se place
par derrière les épaules, une autre recouvre la poitrine, on
place la dernière sur la tête ; l'homme ressemble ainsi à
un roumi (déguisé pour la mi-carême).
1. A Mazouna : du charbon, du sel et de l'orge; on tire des augures
de ce sang un peu partout en Oranie.
2. A Tlemcen, pour la nuit de seba'a ou 'achrin, on enduit ses orteils
de goudron pour les préserver des génies.
3. Coutume très répandue dans toute la région.