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Thèse _ vf_ texte inteégral - Pastel

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Depuis le début des années 1980, les terres domaniales 271 partagées entre les fellahs, aux<br />

environs de Tunis, ont été construites rapidement. Le processus est plus préoccupant dans les<br />

environs de la capitale et il est généralisé à travers toutes les villes du pays et a concerné tout<br />

type de sol agricole. Cela s’est traduit par la transformation annuelle de dizaines, voire de<br />

centaines d’hectares de terre cultivée et/ou cultivable, en terrains à bâtir. Cette situation a<br />

préoccupé les pouvoirs publics qui ont constaté un recul évident des cultures périphériques<br />

face à une extension urbaine permanente. Le processus est beaucoup plus observable aux<br />

alentours des villes littorales où une part importante des constructions est liée à un accès libre<br />

à l’espace rural. Les populations exclues des politiques de l’habitat et soucieuses de posséder<br />

un logement ont trouvé refuge chez les agriculteurs périurbains. Cette situation a poussé l’Etat<br />

à la création en 1983 de la loi de protection des terres agricoles 272 . Dans son article premier,<br />

cette loi définit pour la première fois les terres agricoles comme suit : « On entend par terres<br />

agricoles au sens de la présente loi, toutes les terres présentant des potentialités physiques et<br />

affectées à ou pouvant être le support d'une production agricole, forestière ou pastorale, ainsi<br />

que celles qui sont classées comme telles par les plans d'aménagement dûment approuvés,<br />

dans les zones urbaines, touristiques ou industrielles ». Mais la création de la loi de<br />

protection des terres agricoles n’était pas suffisante pour préserver l’agriculture périurbaine<br />

car, les collectivités locales utilisaient d’autres outils comme la préemption et l’expropriation<br />

au profit du développement de la ville sans trop se soucier de la disparition de l’agriculture in<br />

situ.<br />

A-3-2-2- Contrecoups de l’indifférence des pouvoirs publics sur l’évolution du sol<br />

agricole périurbain<br />

Si le foncier agricole périurbain n’a pas été suffisamment sauvegardé par la réglementation en<br />

vigueur, c’est parce que l’attention des pouvoirs publics s’est concentrée particulièrement sur<br />

la protection des ressources naturelles (eau et sol) notamment les terres éloignées de la ville et<br />

de son influence. Et, c’est dans ce con<strong>texte</strong> qu’émerge l’incitation à la mise en valeur des<br />

terres. Cela s’est accompagné par une participation directe de l’Etat, notamment lorsqu’il<br />

s’agit de travaux de conservation des eaux et du sol (CES). On estime à plus d'un million<br />

d'hectares les superficies traitées à travers le pays Plan bleu (2000). « La CES à vocation<br />

sociale (création d'emplois) a prévalu dans les années 60, celle à vocation d'aménagement<br />

dans les années 80 et celle à vocation de développement a vu le jour au début des années 90<br />

avec la nouvelle stratégie nationale de CES 1990-2000 » 273 . Les fellahs tunisiens ont toujours<br />

participé eux aussi, grâce à des initiatives individuelles et collectives, au développement de<br />

l’agriculture, suite à la réalisation d’énormes travaux de terrassement. Ces travaux étaient à<br />

l’origine de la mise en valeur de terres jadis incultivables sans ces aménagements. Selon le<br />

(Plan bleu, 2000) les actions de conservation des eaux et des sols (CES) ont toujours été en<br />

Tunisie, surtout en milieu aride une préoccupation majeure des agriculteurs. Les travaux CES<br />

traditionnels les plus frappants sont ceux des "Meskats " du Sahel, des "Jessours" des<br />

Matmatas et des "M'gouds" dans la plaine de Kairouan. Ces travaux traditionnels faits et gérés<br />

par les agriculteurs eux-mêmes ont montré pleinement leur efficacité.<br />

Par ailleurs, les pouvoirs publics sont souvent avertis de l’importance du processus des<br />

extensions urbaines, légales ou illégales, au détriment des terres agricoles. Ils savent aussi que<br />

271 Il s’agit des premières terres aménagées en périmètres irrigués dans la basse vallée de la Medjerda. Ces terres<br />

sont gérées par l’office de mise en valeur de la basse vallée de la Medjerda (OMVVM) et exploitées par<br />

plusieurs centaines de petits fellahs.<br />

272 Loi N° 83-87 du 11 novembre 1983 relative à la protection des terres agricoles.<br />

273 Ahmed Souissi, « Profil des pays méditerranéens, Tunisie, Enjeux et politiques d’environnement et de<br />

développement durable », PNUE, Plan Bleu, Sophia Antipolis, 2000, p.8.<br />

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