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Thèse _ vf_ texte inteégral - Pastel

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1984. Les grandes réalisations industrielles et touristiques et la consolidation des services<br />

administratifs ont attisé la croissance des villes côtières. Dans un intervalle de dix ans, la ville<br />

de Gabès a presque doublé, passant de 48 612 habitants en 1975 à 92258 habitants. Le record<br />

a été atteint par la population de Zarzis qui a été multipliée par 3.4 (14420 habitants en 1975<br />

et 49063 habitants en 1984) 30 . Se sont les espaces périurbains qui accueillent ces flux de<br />

migrations interne. L’urbanisation croissante, la dominance du modèle de l’habitat individuel,<br />

l’éclatement du groupe familial (décohabitation), la croissance de la mobilité, engendrée par<br />

l’amélioration du niveau de vie, des moyens de déplacement et des infrastructures<br />

routières sont de nature à favoriser la dispersion, l’éclatement urbain, l’urbanisation sur<br />

place des campagnes et la périurbanisation, A. Belhedi (1993).<br />

Actuellement, et face à l'élargissement de l’espace urbanisé, la notion même de quartier qui<br />

caractérise le découpage de la ville disparaît dans les nouvelles formes de l’habitat périurbain.<br />

Le sentiment d'appartenance à un lieu identifiable se dilue lui aussi. Les populations<br />

s’identifient plutôt à un territoire régional ou à la ville-centre qu’à leur lieu d’habitat, encore<br />

mal défini du fait de la superposition des fonctions urbaine et rurales. Lors d’une enquête 31<br />

menée en 2000 auprès d’un échantillon d’anciens résidents des oukalas de la médina de<br />

Tunis, délocalisés dans une cité populaire en zone périurbaine, il a été remarqué que ces<br />

populations assimilent très mal leur nouveau territoire. À la question « gardez-vous encore un<br />

sentiment d’appartenance à votre ancien lieu de résidence, la médina ? », il a été répondu « Je<br />

suis tunisois. Cela fait 28 ans que je j’habite en Médina. Aujourd’hui, Je ne me sens plus un<br />

habitant de Tunis avec cette délocalisation, nous sommes éloignés des établissements<br />

éducatifs et culturels, avec les retards du bus, mes enfants peinent pour arriver à l’heure à<br />

l’école. Bref, maintenant j’habite le rif 32 . Le contenu de cette réponse est révélateur d’un<br />

malaise général ressenti par les néo-citadins, car le terme rif évoqué dans ces propos est<br />

significatif. En fait, le rif était considéré jusqu’aux années 1980 comme un lieu répulsif,<br />

synonyme de dénuement et de dégradation sociale. Ce sentiment est éprouvé par les<br />

populations rurales défavorisées qui ont choisi le chemin de l’exode après avoir vécu avec<br />

leurs familles une pauvreté extrême durant des dizaines d’années. Néanmoins, le rif<br />

aujourd’hui mieux aménagé et facile d’accès depuis quelque temps, est devenu un lieu<br />

d’admiration de plus en plus attractif pour les citadins d’aujourd’hui. La tendance actuelle<br />

d’une part importante des populations urbaines, notamment la catégorie aisée, est celle de<br />

vivre citadin dans un rif, un rif bien accessible mais pas trop urbanisé. C’est uniquement dans<br />

de tels lieux qu’on profite pleinement des paysages à perte de vue, raconte un sahélien qui<br />

réside dans la région périurbaine de Sousse Nord. « Il n’y a pas d’obstacles visuels qui me<br />

privent de ces belles vues. Le calme, l’air pur et la verdure qui m'enveloppent me passionnent<br />

ici. Je les ressens comme un don de la nature, et j’ai eu tort de ne pas m’en apercevoir assez<br />

30 Voir à ce propos T. Bouchrara Zanad, op. cit., p. 27 et M. Trabelsi, Le développement politique, une théorie<br />

sans objet ? Réflexions a la lumière du cas tunisien". Colloque C.E.R.E.S., Novembre 1986, Tunis p. 7.<br />

31 Il s’agit d’une enquête personnelle, in Houimli Ezzeddine, « Désoucalisation », recasement et nouvelle<br />

territorialité : Etude du cas des habitants de la cité El Machtel à El Agba Tunis, Mémoire de DEA<br />

d’urbanisme, Ecole Nationale d'Architecture et d'Urbanisme, Tunis, 2001. Le terme « désoucalisation » désigne<br />

la délocalisation d’anciens habitants des oukalas de la médina de Tunis vers de cités de recasement, aménagées<br />

en zones périphériques, notamment durant les années 1990.<br />

32 Extrait des entretiens personnels, in Houimli Ezzeddine 2001, op. cit.<br />

Le terme rif désigne « pays cultivé et fertile ; pays situé sur le bord d’un fleuve », selon le dictionnaire arabefrançais<br />

Al-Farâ’id, édition, 1986. En Tunisie, le rif désigne rural. Cela concerne tout le territoire agricole non<br />

urbanisé en dehors des limites communales. Administrativement le rif est représenté par des imadas (la plus<br />

petite unité administrative d’une délégation). Depuis prés d’une quinzaine d’années, les conditions de vie dans<br />

le rif ne cesse de s’améliorent et le rif, notamment littoral, polarise de plus en plus des populations urbaines soit<br />

pour construire une résidence secondaire ou un habitat permanent.<br />

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