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Thèse _ vf_ texte inteégral - Pastel

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disait un fellah des chatts. Car, la réalisation des fondations de cet hôtel a perturbé<br />

profondément la qualité de l’eau de mon puit, devenu plus salée. Ce n’est que plus tard et<br />

après des pluies torrentielles que la qualité de l’eau s’est améliorée et j’ai pu avoir des<br />

rendements convenables » 578 .<br />

Pour les services techniques locaux et les vulgarisateurs, la dégradation de la qualité des eaux<br />

de puits est liée, selon eux, aux usages intenses de ces eaux pour l’irrigation des senias et<br />

chatts. Ce point de vue peut s’expliquer par les innombrables puits creusés au fil du temps<br />

pour servir l’agriculture traditionnelle et dont la plupart sont aujourd’hui abandonnés dans un<br />

paysage de friches. Curieusement, les fellahs ne sont pas tout à fait d’accord avec cette<br />

explication. Ces derniers attribuent la dégradation des eaux de puits plutôt au développement<br />

de l’urbanisation qui caractérise l’occupation actuelle du sol. Selon eux, les extensions<br />

incontrôlées de l’urbanisation sur les terres agricoles et la multiplication des voies de<br />

communication 579 , insuffisamment adaptées au territoire agricole en périurbain, conjugué au<br />

manque d’entretien de l’espace agricole par certains fellahs, sont autant de facteurs, lesquels<br />

réunis, participent à la déstabilisation de l’écoulement normal des eaux de ruissellement et la<br />

recharge de la nappe phréatique qui alimente, à l’aval, les puits de surface utilisés pour<br />

l’irrigation des cultures. « Avant d’arriver à ces extensions urbaines « folles » (années 1970),<br />

les eaux pluviales qui arrosaient nos jardins, s’infiltraient dans les sols et participaient à<br />

l’adoucissement des eaux saumâtres de nos puits. Ces mêmes eaux se déversent désormais<br />

dans les ravins et les oueds voisins avant de se jeter dans la mer » 580 . D’autre part la<br />

multiplication et la dispersion des constructions sur davantage d’espace à l’amont a eu pour<br />

conséquence le tassement et le colmatage des espaces interstitiels non encore bâtis et où<br />

continue de se pratiquer par endroit une agriculture familiale de subsistance. Ces terres qui ne<br />

sont plus exploitées aujourd’hui, jouaient auparavant un rôle important dans l’infiltration des<br />

eaux de ruissellement et la recharge de la nappe. Même si les cultures traditionnelles des<br />

chatts sont les plus concernées par le manque d’une eau d’irrigation de qualité, certaines<br />

exploitations continuent à être cultivées actuellement comme cela l’était il y a des dizaines<br />

d’années. Le problème est moins prégnant dans les senias plus ou moins éloignées de la mer<br />

là où l’eau garde, selon certains exploitants, une meilleure qualité ; elle est même potable<br />

dans certains puits de l’arrière pays de Hammam Sousse.<br />

Pour les fellahs d’Akouda, surtout les maraîchers parmi eux, la question de l’eau d’irrigation<br />

est rarement posée. La plupart parmi eux utilisent l’eau de barrage, souvent disponible. Elle<br />

constitue même un facteur de stabilisation du modèle intensif de culture. Pendant les années<br />

difficiles (sècheresse), l’eau de barrage est souvent rationnée. Certaines cultures sont réduites<br />

au strict minimum. Dans ces conditions, les fellahs recourent à un arrosage d’appoint à partir<br />

de puits, rarement exploités depuis l’alimentation de l’exploitation avec l’eau du barrage.<br />

L’agriculture constitue en fait la source essentielle des revenus des monoactifs. Les fellahs<br />

tentent d’adapter leurs cultures au con<strong>texte</strong> périurbain, malgré les contraintes que rencontrent<br />

les exploitations dans leur fonctionnement. Parallèlement, l’étalement urbain est observé<br />

comme un concurrent potentiel à l’occupation de l’espace. Et, la proximité de la ville<br />

578 Extraits des entretiens réalisés avec un fellah des chatts, mai 2004.<br />

579 Le développement du réseau routier des villes (pénétrantes, rocades, bretelles, etc.) se réalisent sans<br />

considération des perturbations engendrées sur le fonctionnement des exploitations agricoles dont la plus grande<br />

partie conduite en sec (culture de l’olivier) est strictement dépendante des eaux de ruissellement et des<br />

aménagements hydrauliques traditionnels les meskats. Le maraîchage traditionnel est conditionné à son tour par<br />

la qualité des eaux de puits, suffisamment adaptée à ces cultures il y a quelques décennies et avant l’introduction<br />

de l’eau de barrage dans les PPI depuis le début des années 1970.<br />

580 Extraits des entretiens avec les fellahs.<br />

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