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Thèse _ vf_ texte inteégral - Pastel

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ne pouvoir survivre sans les aliments qu’elles cultivent elles-mêmes. À Kampala la capitale<br />

ougandaise, près de 30 % de la population cultivent la moitié du territoire urbain. On produit<br />

sur place 70 % de la volaille et des œufs consommés dans cette ville. On cultive même en<br />

ville des tubercules alimentaires, qui constituent un aliment de base. Les producteurs<br />

consomment environ 20 % de leur récolte et vendent le reste. Cette agriculture semble couvrir<br />

beaucoup d’espace car, « une grande partie de l’agriculture urbaine prospère loin des<br />

cultures de plein champ immédiatement observables et se réfugie sous les frondaisons, dans<br />

des abris, sur des toits, des corniches ou des clôtures, dans des caves, dans les « pacages » de<br />

zones non bâties. La permanence de l’agriculture urbaine est sous-tendue par sa capacité, non<br />

seulement de nourrir la population urbaine mais aussi de constituer une source de revenu<br />

importante pour la population active. « D’après les données du recensement de 1988, le<br />

secteur de l’agriculture urbaine était le deuxième employeur en importance à Dar es-Salaam<br />

(Tanzanie), derrière le secteur des petits marchands et manœuvres » 167 . Outre les paysans<br />

nouvellement installés en ville ou dans sa périphérie et qui se servent de leurs compétences<br />

agricoles traditionnelles, il se trouve que la majorité des agriculteurs urbains étaient des<br />

citadins bien établis qui cultivaient la terre afin de réduire les dépenses du ménage et de<br />

produire des revenus, (Camillus et J. Sawio, 1993).<br />

A-3-1- Regain d’intérêt et appui à la pratique de l’agriculture urbaine<br />

Depuis le dernier quart du XXe siècle, décideurs et administrateurs municipaux ont<br />

commencé à se rendre compte de l'importance de l’agriculture urbaine pour les besoins en<br />

nourriture des centres urbanisés. Cela s’est accompagné par la création d’agences<br />

gouvernementales de promotion de l'agriculture en milieu périurbain, entre 1975 et 1985. Ces<br />

actions de valorisation de l’activité agricole en milieu urbain ont été adoptées par des<br />

gouvernements d'au moins 10 pays asiatiques, six africains et six d'Amérique latine, FAO<br />

(1998). Très souvent, la résistance de l’agriculture urbaine est liée à un appui de la part des<br />

pouvoirs publics. C’est le cas du Zaïre qui a érigé la pratique de l’agriculture urbaine en projet<br />

officiel soutenu par un financement extérieur ayant permis de subventionner l'accès à l'eau et<br />

au drainage et du Nigéria, qui en a détaxé tous les intrants (fertilisants, semis, etc.) (Lachance<br />

André, 1993).<br />

A Brazzaville (capitale de la République du Congo), les légumes notamment les légumesfeuilles<br />

représentent 15% des dépenses des familles. Elles proviennent pour l'essentiel des<br />

jardins situés dans la ville et à sa proche périphérie. L’importance de l’agriculture urbaine est<br />

telle que près de 90% des détaillantes s'approvisionnent auprès des productrices périurbaines,<br />

directement au champ ou sur des marchés de gros informels. La résistance de l’agriculture<br />

urbaine à Brazzaville tient au fait que les autorités n’ont cessé d’intervenir pour freiner son<br />

déclin, (Moustier et Pagès, 1997). Deux actions peuvent expliquer l’intérêt des pouvoirs<br />

publics pour l’agriculture urbaine comme solution aux problèmes sociaux notamment en<br />

matière de sécurité alimentaire. Pendant les années 1960, 60 ha furent attribués par les<br />

autorités à 200 maraîchers congolais expulsés de Kinshasa pour des raisons politiques. Plus<br />

tard (années 1990), l'État a acheté 70 ha auprès de chefs coutumiers et installé ainsi prés 700<br />

maraîchers dans des terres sécurisées. Cette action correspond à une prise de conscience de<br />

l'importance de l’agriculture urbaine notamment l'activité maraîchère en termes de revenus<br />

pour les exploitants et d'approvisionnement des marchés urbains. L’évolution de la<br />

consommation urbaine, l'état de dégradation des infrastructures reliant la ville à son arrièrepays<br />

agricole ainsi que la situation de l'emploi en milieu urbain, sont autant de variables parmi<br />

d’autres à l’origine de la stabilisation du maraîchage, et surtout des produits périssables, à<br />

proximité de la ville. Le développement des légumes-feuilles est lié au fait que ces cultures ne<br />

167 Luc J.A. Mougeot, op. cit., p. 15.<br />

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