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Thèse _ vf_ texte inteégral - Pastel

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C-1-2- Une planification urbaine souvent peu adaptée à la conservation des<br />

activités agricoles<br />

Le maintien de l’agriculture urbaine et périurbaine n’est possible que si la reconnaissance des<br />

fonctions diverses (alimentaire, sociale, environnementale et paysagère) s’accompagne de la<br />

prise en compte de l’activité dans les documents de planification urbaine. Dans les conditions<br />

de vive compétition, cette agriculture pourrait n’être que transitoire ; il est alors difficile<br />

d’envisager sa pérennisation dans ces lieux sans l’intervention des pouvoirs publics dans le<br />

cadre d’une planification favorisant le couplage entre bassin de production et bassin de<br />

consommation (D. Doucouré et A. Fleury, 2004). Mais, très souvent, la planification urbaine<br />

se trouve en porte-à-faux car il y a des contradictions entre :<br />

- la planification de l’aménagement du territoire par les administrations centrales ou<br />

décentralisées,<br />

- les stratégies des pouvoirs locaux (les maires) confrontés à la rareté des réserves<br />

foncières pour satisfaire les besoins socioéconomiques de leurs communes<br />

(développement des infrastructures de transport, extension des zones d'habitat et<br />

d'activités économiques), qui cherchent la réponse spatiale dans les terres agricoles<br />

voisines,<br />

- les stratégies des propriétaires fonciers (agriculteurs ou autres) qui souhaitent tirer parti<br />

de la rente foncière.<br />

Par ailleurs, la planification urbaine devrait aller au-delà de la formulation de plans et<br />

schémas directeurs et impliquer les parties prenantes (FAO, 2000). C’est ce que confirme<br />

encore D. Doucouré et A. Fleury (2004) selon lesquels le partage de la gestion de l’espace par<br />

des instruments de planification souvent irréductibles comme le code rural et le code de<br />

l’urbanisme 99 et des acteurs a des objectifs généralement contradictoires qui génère des<br />

conflits à arbitrer par les planificateurs. Mais très souvent, l’arbitrage profite à la ville et à son<br />

développement, surtout lorsque les agriculteurs urbains et périurbains sont peu impliqués.<br />

Cela s’explique aussi par le fait les planificateurs et les responsables politiques accordent<br />

généralement peu d'intérêt à l'égard de la production agricole urbaine et périurbaine. Par<br />

conséquent, il est rare de trouver une démarche cohérente à son égard. Il se trouve en fait que<br />

dans la plupart des cas, les acteurs et les institutions concernées dans le processus de<br />

planification (agences foncières et immobilières) ont plus de pouvoir que d'autres. Et leurs<br />

actions se concentrent particulièrement sur l'utilisation des terres pour l’urbanisation<br />

(projection des infrastructures et des zones à urbaniser) sans trop se soucier des conséquences<br />

sur les ressources naturelles (sol, eau, systèmes hydrauliques) et l’avenir des activités<br />

agricoles.<br />

Dans ces conditions, la concurrence pour l’occupation du sol génère des conflits d’usages des<br />

ressources spatiales. C’est ce qu’observe Prost (1994) en écrivant que « L’affrontement<br />

commence là où s’arrête la dernière conquête urbaine, autour du dernier lotissement, à un<br />

carrefour périphérique, à proximité du village le plus proche. C’est dire que tout territoire<br />

non urbanisé contigu à la ville est l’objet potentiel d’une annexion par la ville, indifférente à<br />

la nature de ce territoire, intéressée uniquement par sa valeur urbanistique. L’espace<br />

périphérique n’est pour elle qu’un espace en attente qu’elle pourra occuper au rythme de ses<br />

besoins d’extension » 100 . Ce n’est que par le biais d’une gouvernance territoriale<br />

99 Au moment où le code rural a pour objectif de gérer tant l’activité agricole que le foncier en fixant le statut des<br />

agriculteurs, la valeur des baux agricoles, …, en vue d’une meilleure valorisation des terres, le code de<br />

l’urbanisme s’oriente à la mise à disposition de sols pour l’extension urbaine par des schémas directeurs qui<br />

localisent les grandes affectations, la localisation et la réglementation de l’habitat zone favorable. Opérant sur le<br />

même territoire périurbain, ces deux outils peuvent constituer une source de conflits qui accélère le recul de<br />

l’agriculture urbaine.<br />

100 Prost B., « L'agriculture périurbaine : analyse d'une marginalité », Bulletin de l’Association des Géographes<br />

Français, n°2, 1994, p. 147.<br />

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