03.07.2013 Views

Thèse _ vf_ texte inteégral - Pastel

Thèse _ vf_ texte inteégral - Pastel

Thèse _ vf_ texte inteégral - Pastel

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

« mes légumes sont arrosés par l’eau du puits et le sol n’a reçu que du fumier avant le semis.<br />

Aucun gramme d’engrais chimique n’est introduit dans mes cultures. Mes légumes verts (frais<br />

ou cuits) ont donc plus d’arôme que ceux que vous voyez sur les autres étalages. C’est pour<br />

quoi ils (les autres marchands) les vendent moins chères 567 , pourtant leurs bottes sont plus<br />

grandes et ont un aspect meilleure que les miennes ». Cette conversation était une occasion<br />

pour lui rendre visite dans son exploitation. Il s’agit d’une petite exploitation d’environ 0,5 ha<br />

plantée d’oliviers, grenadiers, et quelques citronniers. Seulement 1000 m 2 sont réservés aux<br />

légumes arrosées par l’eau d’un puits. Sa résidence sur l’exploitation lui a permis de pratiquer<br />

un peu d’élevage (une vache laitière et quelques poules) pour la consommation du lait et des<br />

œufs frais.<br />

La production agricole résulte ici d’une complicité entre les fellahs et la terre, d’une part, et,<br />

un savoir-faire hérité de plusieurs générations, d’autre part. Ces différents paramètres réunis<br />

sont à l’origine de l’authenticité des produits. « On ne cultive pas uniquement pour produire<br />

mais aussi parce qu’on apprécie les produits de terroir, tant pour leur goût que pour leur<br />

arôme, disait un exploitant des chatts. Actuellement, les consommateurs Hammam-Soussiens,<br />

notamment ceux de la génération de nos pères qui appréciaient déjà les produits de front de<br />

mer, souhaitent toujours retrouver sur les présentoirs des marchands de légumes des melons<br />

ou des pastèques labellisés : produits des chatts. Personnellement, tout ce que je cultive est<br />

destiné à l’autoconsommation, disait un autre fellah. Je conserve chaque année les semences<br />

récoltées des premiers melons pour le semis de l’année suivante, comme le faisait mon père il<br />

y a 25 ans » 568 , poursuit-il.<br />

Pour les fellahs d’Akouda, l’importance de l’agriculture dans l’économie familiale incite<br />

davantage les exploitants à considérer l’activité, dans leurs stratégies, en terme de production<br />

et de productivité. Le taux élevé d’abstention (9 fellahs sur 20) est un indice fort de cette<br />

crispation. Pourtant, l’attachement au métier dépasse souvent le simple objectif marchand.<br />

Car, il existe en fait des rapports affectifs entre les fellahs et leur profession et la propriété<br />

foncière. « Oh ! L’agriculture c’est ma vie. Je me sens mal à l’aise loin de mon exploitation.<br />

Je ne la quitte que rarement et pour un temps relativement court » 569 , disait un fellah<br />

Akoudois.<br />

Conclusion<br />

L’imbrication de la gestion parallèle de l’exploitation et de la famille est à l’origine de<br />

l’intérêt patrimonial que porte chaque maraîcher pour son exploitation. Dans le même temps,<br />

on découvre que la localisation de l’exploitation, le type des cultures pratiquées, le système<br />

d’exploitation mis à l’œuvre ainsi que les conditions sociales du fellah (vieillesse, absence de<br />

repreneurs), sont autant de facteurs qui orientent les choix des fellahs et qui expliquent<br />

l’adaptation ou non des exploitations au con<strong>texte</strong> périurbain. Nous avons remarqué que la<br />

vente des parcelles non cultivées révèle, chez certains fellahs, un choix économique qui leur<br />

permet de réinvestir dans des activités urbaines, plus rentables.<br />

Malgré le développement de la pluriactivité chez la plupart des fellahs, le maintien du foncier<br />

et de l'activité agricole distingue surtout les exploitations intensives dans les PPI et les<br />

oliveraies de l’arrière pays. Le faire-valoir direct est pratiqué par la plupart des fellahs, même<br />

567 Ce fellah vend la botte de persil à 0,250 dinars alors que les autres la vendent à entre 0,150 et 0,200 dinars.<br />

568 Extraits des entretiens avec des fellahs Hammam-Soussiens.<br />

569 Extraits des entretiens avec un fellah Akoudois.<br />

340

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!