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Tom. V - Archive ouverte UNIGE

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441 , DE LA CENE. 442<br />

commandant que nous annuncions sa mort, iusques<br />

a ce qu'il vienne. Si c'est doncq une chose tant<br />

requise à salut, de ne point mescongnoistre les<br />

graces que Dieu nous a faictes, mais les réduire diligemment<br />

en mémoire et les magnifier envers les<br />

autres, à fin de nous édifier mutuellement: en cela<br />

nous voyons une aultre singulière utilité de la Cène,<br />

qu'elle nous retire d'ingratitude, et ne permet pas<br />

que nous oublions le bien que nous a faict le Seigneur<br />

Iesus en mourant pour nous: mais nous induict<br />

à luy rendre action de grace, et quasi par<br />

confession publique protester combien nous sommes<br />

attenus à luy.<br />

La troisiesme utilité gist en ce que [pag. 23]<br />

nous y avons une vehemente exhortation à vivre<br />

sainctement, et sur tout à garder charité et dilection<br />

fraternelle entre nous. Car puis que là nous sommes<br />

faictz membres de Iesus Christ, estans incorporez<br />

en luy, et unis avec luy, comme à nostre chef, c'est<br />

bien raison premièrement que nous soyons faictz<br />

conformes à sa pureté et innocence, et spécialement<br />

que nous ayons ensemble telle charité et concorde<br />

comme doibvent avoir les membres d'un mesme<br />

corps. Combien que pour entendre droictement ceste<br />

utilité il ne fault pas. estimer que nostre Seigneur<br />

seulement nous advertisse, incite et enflambe noz<br />

cueurspar le signe extérieur. Car le principal est qu'il<br />

besongne en nous intérieurement par son sainct<br />

Esprit, à fin de donner efficace à son ordonnance,<br />

qu'il a destinée à cela comme instrument, par lequel<br />

il veult faire son oeuvre en nous. Parquoy, entant<br />

que la vertu du sainct Esprit' est conioincte avec<br />

les Sacremens, quand on les reçoit [pag. 24] deuement,<br />

nous avons à espérer ') un bon moyen et<br />

ayde pour nous faire croistre et proffiter en saincteté<br />

de 1 vie, et singulièrement en charité.<br />

Tenons au troisiesme, poinct principal que nous<br />

avons proposé au commencement de ce traicté, assavoir,<br />

à l'usaige legitime, qui est d'observer reveremment<br />

l'institution du Seigneur. 2 ) Car quiconque<br />

approche de ce sainct Sacrement s ) avec mespris<br />

ou nonchalance, ne se souciant pas beaucoup de<br />

suivre où le Seigneur l'appelle, il en abuse perversement,<br />

et en abusant le contamine. Or, polluer et<br />

contaminer ce que Dieu a tant sanctifié, c'est un<br />

sacrilege intolerable. Ce n'est pas doncq sans cause<br />

que sainct Paul dénonce une si grieve condamnation<br />

sus tous ceux qui le prendront indignement. Car<br />

s'il n'y a rien au ciel ne en la terre de plus grand<br />

prix et dignité que le corps et le sang du Seig-<br />

1) nous avons là espérer, 1541. 1542; nous en avons à<br />

espérer, 1549 ss.<br />

2) La première édition 1541 met simplement: Venons à<br />

l'usaige legitime qui est d'observer, etc.<br />

3) de ce Sacrement 1566 ss.; ad hoc sacramentum (GaU.).<br />

neur, ce n'est pas petite faulte de le prendre inconsidérément,<br />

et sans estre bien préparé. Pourtant<br />

il nous exhorte de nous bien esprouyer pour en<br />

user comme il appartient. Quand nous entendrons<br />

[pag. 25] quel doibt estre cest examen, nous sçaurons<br />

quel est cest usage que nous cerchons.<br />

Or, il nous fault icy bien contregarder. Car,<br />

comme nous ne povons mettre trop grande diligence<br />

à nous examiner, selon que le Seigneur ordonne:<br />

aussi, d'autrepart, les docteurs sophisticques ont mis<br />

les povres consciences en perplexité trop périlleuse,<br />

ou plustost, en une géhenne horrible, requérant iö<br />

ne sçay quel examen dont il n'estoit possible de<br />

venir a bout. Pour nous depescher de tous ces<br />

troubles, il nous fault réduire le tout, comme i'ay<br />

desia diet, à l'ordonnance du Seigneur, comme à<br />

la reigle, laquelle ne nous laissera point faillir,<br />

quand nous la suivrons. En la suivant, nous avons a<br />

esprouver si nous avons vraye repentance en nous<br />

mesmes, et vraye foy en nostre Seigneur Iesus<br />

Christ: Qui sont deux choses tellement conioinctes,<br />

que l'une ne peut consister sans l'autre. Car si<br />

nous- estimons nostre vie estre située en Christ, il<br />

nous [pag. 26] fault recpngnoistre que nous sommes<br />

mortz en nous. Si nous cerchons en luy nostre<br />

vertu, il fault que nous entendions que nous deffaillions<br />

en nous mesmes. Si nous estimons toute nostre<br />

félicité estre en sa grace, il est nécessaire que<br />

nous entendions quelle est nostre inisere, sans icelle.<br />

Si nous avons en luy nostre repos, il fault qu'en<br />

nous mesmes nous ne sentions que tourment et inquietude.<br />

Or, telle affection ne peut estre, qu'elle<br />

n'engendre premièrement un desplaisir de toute nostre<br />

vie: puis après une solicitude et crainte, finalement<br />

un désir et amour de iustice. Car celuy qui<br />

congnoit la turpitude de son péché, et la malheureté<br />

de son estât et condition, ce pendant qu'il est aliéné<br />

de Dieu, en ha telle honte, qu'il est contrainct de<br />

se desplaire, se condamner, gémir et souspirer de<br />

grande tristesse. D'avantaige, le Iugement de Dieu<br />

se présente incontinent, lequel presse la conscience<br />

pécheresse de merveilleuse anxiété, ') d'autant qu'elle<br />

voit qu'il n'y a [pag. 27] nul moyen d'eschaper, et<br />

n'a que respondre pour sa defence. Quand avec<br />

une telle recongnoissance de nostre misère, nous povons<br />

gouster la bonté de Dieu, lors nous desirons de<br />

reigler nostre vie à sa volunté, et renoncer à toute<br />

nostre vie précédente, pour estre faictz en luy nouvelles<br />

creatures. Si nous voulons doncq deuement<br />

communiquer à la sacrée Cène du Seigneur, il fault<br />

que nous tenions en ferme fiance de cueur le Seigneur<br />

Iesus pour nostre iustice unicque, vie et salut,<br />

1) La première édition seule met: anxiété. Dans toutes<br />

les autres (1542 ss.) on lit: angoisse.

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