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605 ACTES DE RATISBONNE. 606
mesmes le revenu des hospitaux et des escoles n'est
demeuré à qui il appartenoit, et à ceulx à qui nommément
il avoit esté donné. Car les Evesques et
les principaulx du clergé, qui avoyent le gouvernement
des biens ecclésiastiques, tant de ce que a
eu du commencement l'Eglise, que ce qui a esté
depuis donné, ou pour les gages des ministres, ou
pour la nécessité des povres, ont tout fourré en
prébendes, lesquelles reviennent à coulx qui du
tout ne font nul service à l'Eglise, ou font celuy
qui est le moindre et le moins utile. Car les chanoines
ne sont que chantres, et encores à eulx plus
qu'au peuple de Dieu, d'aultant qu'ilz lisent et
chantent en langue que le peuple n'entend point.
Or cest office, encores qu'il fust deuement exercé,
devoit estre pour les ieunes enfans et les plus petiz
clercs. Car au Concile de Homme, qui fust célébré
soubz S. Grégoire, il est défendu sur peine ;
d'excommuniement, que les Prestres, qui doivent \
administrer la doctrine et les Sacremens, ou les j
Diacres, auxquelz il appartient d'avoir la charge j
des aulmosnes, ne s'addonnent à chanterie.
Quant à ceulx qui sont en office plus nécessaire,
comme est la charge des âmes, ou qui se préparent
pour y venir, on ne leur donne nulles prébendes
ou on leur en donne de bien petites; et s'il
y en a quelques grasses, par incorporations et aultres
praticques oblicques, elles ont esté supprimées
et englouties, pour estre adioinctes aux prébendes
de ceulx, qui ne servent que de chanter, tellement
quellement. Mesmes le3 salîaires n'ont pas esté laissez
aux maistres d'escolles. De là, est venu, que
non seulement on ne trouve nulz Ministres idoynes,
et ne regarde on point d'en former: mais aussi les
escolles sont quasi abolies, [fol. 114] d'autant qu'il
n'y a nulz gaiges pour les lecteurs et tant moins
pour les escolliers. Or comment vivent telles manières
de gens, qui ne servent qu'à chanter et baller,
voire sans utilité de l'Eglise., et mesme, qui
par leur chanterie nuisent beaucoup, à cause de la
superstition qui y est, et des folles et perverses oraisons,
qui ont esté forgées par les hommes contre
l'honneur de Dieu: quelles vies, dis-ie, ilz mein en t,
et en quelz usages ilz convertissent leurs prébendes:
il est si notoire à tout le monde, qu'il n'est
mestier de le reciter: et neantmoins souventesfoys,
les plus meschans ont les plus gras benefices.
Or combien que la saincte Escripture, tous les
sainctz Peres, et les Canons condamnent pour un
grand sacrilege, si ce qui a esté dédié pour le ministère,
et pour soubvenir à la nécessité des pauvres,
est tourné en quelque aultre usage : et par plus
forte raison, si on le consumme en pompes et superfluitez,
et choses encores plus villeines: toutesfoys
si auiourdhuy on retire quelque peu des biens
ecclésiastiques de telz abuz, pour l'appliquer pro­
prement à l'usage que la parolle de Dieu, les Canons
et les loix ordonnent: à sçavoir aux gages
des vrays ministres, aux escolles et aux paovres:
incontinent ces pillars et devorateurs des biens ecclésiastiques
cryent, qu'on faict un grand sacrilege,
que le patrimoine de Christ est mis en proye, l'Eglise
est despoillée. Et n'y a auiourdhuy entre
les Estatz de l'Empire débat plus urgent, ne plus
périlleux, que de là, et de iour en iour s'egrit d'a^
vantage.
Pourtant non seulement à cause de la Religion,
mais aussi pour conserver la paix et tranquillité
pnblicque, il sera nécessaire de remédier à ce mal.
Et pourrait on faire quelque commencement dés
maintenant, si de ces gros revenuz des chappitres
et moyneries, on en assignoit autant que la nécessité
le requiert aux vrays Ministres, et pour entretenir
les escolles: de la moderation, on en pourrait
facillement convenir. Puis après, quand ceux que
tout le monde congnoist, ne povoir de rien profiter
à l'Eglise, et estre seulement en charge, tant
pour leur bestise [fol. 115] et nonchalance, que pour
leur vie dissolue, decederoyent de ce monde, on
pourroit transferer leurs biens à ceulx qui serviroyent
à l'Eglise, ou voudroyent profiter pour y
servir: de laquelle chose nous avons grand' nécessité.
On pourroit aussi députer portion raisonnable
pour les paovres. Voila quant aux biens ecclésiastiques,
la distribution et usage d'iceulx.
De la discipline du peuple.
A ce que la discipline du peuple, laquelle aussi
est griefvement decheute, soit remise en son entier,
il sera nécessaire pour le premier, que oultre les
sermons ordinaires, qui se devront faire toutes les
festes pour instruire le peuple fidèlement en la doctrine
chrestienne, les petis enfans soyent instruictz
à part en tous les articles de nostre foy: comme
du péché originel et actuel, do la iustification, des
vrays offices de la vie chrestienne, de la vertu et
utilité de la parolle de Dieu, de l'efficace et usage
des Sacremens, de l'obéissance des fidèles: qu'on
leur explique le Symbole des Apostres, l'Oraison
dominicale, lés dix commandemens, qu'on leur enseigne
les principalles matières de l'Evangile. Il
fauldra donques en telle sorte instruire diligemment
la ieunesse, et interroguer ceulx qui ont ouy pour
sçavoir combiefla chascun aura profité: et remonstrer
à ceulx qui n'auront point esté assez attentifz.
Apres que les enfans auront ainsi esté deuement
enseignez, et auront si bien profité qu'on les
pourra admettre à la table du Seigneur, il sera de
besoing que premièrement devant toute l'Eglise, ilz
facent profession de leur foy, et eulxmesmes promettent
et s'obligent d'obéir à IESUS Christ et son