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669 ACTES DE BATISBONNE. 670
faire, sans aucune dilation, il luy plaise venir en
l'empire de la nation Germanicque, et ayant convocqué
tous les Estatz, essayer de rechef, que les
erreurs soyent desracinez: et que toutes choses, qui
ont esté mal entendues et receues soyent chrestiennement
examinées. Et ceulx cy sont les moyens
seulement par lesquelz on peult pourveoir au salut
des Chrestiens, tellement que si on n'en suyt l'un
ou Paultre, de plus en plus la nation Germanicque
sera divisée: sa gloire, honneur et richesses
périront: et plusieurs aultres inconveniens de telle
sorte parviendront aussi aux nations voisines.
Secondement les Estatz catholiques ont arresté
entre eulx, que avec l'ayde de Dieu, ilz se
veulent constamment tenir à nostre ancienne Religion
et vraye foy, selon qu'elle est comprinse aux
sainctz Evangiles, Conciles, Statuz, ordonnances
de l'Eglise chrestienne et catholicque, aussi en la
doctrine des sainctz Peres, qui a esté observée depuis
le temps des Apostres iusques auiourdhuy.
Outyre plus ilz ont totalement délibéré de
suyvir et obéir aux arrestz, ordonnances et commandemens
faictz par l'Empereur et Estatz catholicques,
et principallement, aux arrestz de l'assemblée
d'Auguste, esquelz tous les Estatz en general
ont consenty, esperans pour tout certain, que tous
les aultres Estatz qui se sont accordez à l'arrest
d'Auguste, et qui se sont subscriptz, y mettantz
aussi leurs seaulx, au surplus promettantz donner
ayde à.l'Empereur, puis incontinent après à Reguesbourg
ont ratiffié la subscription faicte à Auguste.
Et finalement, - pour la troisiesme foys à Haguenau,
les Electeurs et princes, qui furent là en
propre personne, ont de rechef approuvé ledict arrest
d'Auguste, de telle sorte qu'ilz s'offrirent de
consulter à se défendre, si on vouloit contrevenir
[fol. 190] audict arrest, ainsi qu'il est contenu aux
Statuz des dictes assises, et escriptz présente/ en
icelles, et principallement les princes sont d'adviz,
que on se tienne à l'arrest d'Auguste, et que d'iceluy
on ne se départe aucunement : veu que mesme
l'Empereur, et en ces dessusdictes assises, et ceste
cy, tant en sa premiere proposition, que au formulaire,
pour constituer icy quelque arrest, a declairé
qu'il vouloit qu'iceluy arrest d'Auguste demourast
en son entier.
Tier cernent, en ce que l'Empereur par sa clémence
singulière propose, qu'il luy semble, que les
articles qui sont accordez entre les colloquuteurs
doyvent estre receuz et approuvez iusques au Concile,
sans aucune aultre examination: Les Estatz
respondent, que nullement ilz ne s'y accorderont,
que cela ne leur semble point bon pour les causes
suyvantes.
Car premièrement aucuns articles ont esté pro- '
posez par les colloquuteurs, qui ne sont point nécessaires
mais superfluz, desquelz par cy devant
n'y a eu aucun different, ny est encores auiourdhuy
entre gens sçavans, comme le premier, second, tiers,
et quatriesme. Il leur semble donc estre une chose
bien lourde, d'accorder les articles où il n'y a point
de contredicte. D'avantage le quatriesme article,
du péché originel, n'a pas icy esté accordé,>mais à
Wormes : en aultre forme toutesfoys qu'il n'est maintenant
proposé en l'escript présenté. Secondement,
il sera fort nécessaire, qu'on élise de rechef d'un
costé et d'aultre gens qui revisitent toutes choses,
en nouvelle assemblée. Or, au diet escript sont
plusieurs parolles qui ne sont point conformes à la
coustume de l'Eglise, et aux manières de parler
usitées des Peres: oultre plus, au diet escript sont
certaines opinions qui ne sont point à recevoir, lesquelles
en partie doyvent estre effacées, en partie
adoulcies et rédigées en aultre forme, parquoy il
sera le plus expedient, que cestuy affaire soit différé
iusques à qiielques moys. Tiercement, il n'y
a que les articles qui sont de moindre importance
[fol. 191] qui ayent esté accordez, touchant lesquelz
par cy devant n'y a pas eu grand different, et qui
n'exciteroyent pas communément envers le menu
peuple scandale si dangereux, qui ceulx qui ne
sont point encores accordez. Et pource que les
articles principaux, et mesme ceulx sur lesquelz la
Foy chrestienne est appuyée, comme l'article d'avoir
en honneur le Sacrement du vray corps et
sang de Christ, de l'adoration et reservation d'iceluy,
communion soubz l'une et l'aultre espèce, Confession,
Penitence, Satisfaction, etc. : tant s'en fault
que ces articles soyent accordez, que mesmes ilz
ont esté fort impugnez par les protestans: en telle
sorte qu'on ne peult espérer aucun accord. Et mesmes
les colloquuteurs de la partie catholicque ont en
ces articles un peu plus concédé aux protestans,
qu'il n'appartenoit, en telle sorte que les choses qui
ont esté par eulx receues ont besoing de correction
et declaration.
Quartement, pource que si les articles accordez
estoyent receuz, l'honneur et renom du Pape,
Empereur et des Estatz catholiques pourroit estre
diminué et y auroit dangier, que par ce moyen ilz
ne s'assubiectissent à diverses calumnies. Les Estatz
catholiques donc sont de cest ad vis, que l'escript
des colloquuteurs soit laissé iusques à son temps,
et que toutes les affaires qui concernent la Religion
soyent différées iusques au concile, ou general, ou
national, ou pour tout le moins iusques à une assemblée
de tous les Estatz de l'Empire, selon aussi
que la response du Legat du Pape conseille, c'est
à sçavoir, que toutes ces choses soyent remises au
Concile du Pape.