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533 ACTES DE RATISBONNE. 534 '
ce que ie recongnoy mon iniquité et que mon péché
est tousiours contre moy: tu me aspergeras
d'hyssope et ie seray nettoie: tu me laveras et ie
seray plus blanc que neige. Tu donneras à mon
ouye ioye et liesse et mes oz abbatuz s'esgayeront:
Renouvelle en mes entrailles un esprit de droicture,
[fol. 24] rendz moy la liesse de ton salut etc.
Et de rechef (Ps. 32, 4): Pour ce que ta main est
appesantie sur moy de iour et nuict, en ma tribulation,
cependant mes reins sont poinctz, ie me suis
retourné à toy. le t'ay donné à congnoistrë mon
delict, et n'ay point caché mon iniustice. Pay diet,
ie confesseray au Seigneur alencontre de moy, mon
iniustice: et tu as remiz l'impiété de mon péché.
Nous sommes asseurez de ceste remission, par le
tesmoignaige de l'esprit: tout ainsi qu'en la iustification,
et ce au sacrement de penitence, duquel la
force consiste en ce que l'absolution survient: duquel
sacrement puis après il fauldra parler. Pour
ceste heure nous ne parlerons plus de penitence
apres le tresbuchement; laquelle est faicte en la
seule Eglise de Christ et obtient remission des péchez.
De l'auctorité de l'Eglise, pour discerner
et interpreter l'escripture. 1 )
Donc l'authorité de l'Eglise doit estre congneue
et requise. Et pour clairement la congnoistrë, il
fault entendre que Dieu au commencement pour assembler
icelle Eglise, a usé du ministère de la parolle
vocale, non escripte: laquelle il a voulu estre
enseignée et communiquée comme de main en main,
selon ce que Christ a commandé à ses Apostres,
qu'ilz allassent par le monde universel, preschans
l'Evangile à toute creature (Matth. 28, 19). De laquelle
parolle toutesfoys externe et vocale, Dieu
n'use point aultrement, sinon comme d'un instrument,
par lequel il présente ceste parolle interne,
laquelle seule ouvre les cœurs.
Puis après, par la grace de Dieu, l'escripture
a esté adioincte, tant pour subvenir à l'infirmité
humaine prompte à cheoir en oubliance et erreur,
que pour obvier aux fraudes du Diable, qui tasche
tousiours à faire esvanouyr ceste parolle.
Or à cause que Dieu sçavoit bien (comme il
a ia esté diet) qu'il adviendroit, que le Diable par
toute finesse s'emploieroit à corrompre ceste vive
parolle de Dieu, et que pour ce faire il suborneroit
les hommes, lesquelz se transfigürans 'en [fol. 25]
Anges de lumière, non seulement mettroient en
avant faulses escriptures, mesme soubz le nom et
1) En marge on lit: Les Collocuteurs des protestons ont
exhibé leur escript sur tout cestuy article, signé A.
tiltre des Apostres, par lesquelles ilz s'attribueroient
l'authorité divine et Apostolique: mais aussi
à leur propre perdition renverseroient les Escriptures
Apostoliques, rompans aussi, par departemens
iniques le lien,de charité qui seroit en icelles. A
celle cause, il a voulu establir à l'Eglise sa propre
authorité, et ce en deux manières.
Premièrement il a voulu, que l'Eglise ayt eu
l'authorité de iuger entre les escriptures: et de discerner
l'escripture Canonique, d'avec celle qui ne
l'est point: laquelle authorité a esté en la synagogue
pour son temps, puis après par Christ confir-
.méo en l'Eglise: par laquelle aussi ee Canon ecclésiastique,
tresproufitable, a esté constitué: lequel
a défini, que l'escripture Canonique, tant du vieil
que du nouveau Testament, devoit estre comprinse
en certaines limites et livres des Prophètes et Apostres,
ostant aux autres livres ceste eminence Canonique
des sainctes lettres: laquelle par succession
des Evesques, et multiplication des Eglises, a esté
comme hault posée et assise, à laquelle tout entendement
fidèle doit servir, en sorte qu'il n'appartient
à personne de mettre en doubte: assavoir mon si
tout ce que contient ceste Escripture est droict ou
veritable. A ceste authorité de l'Eglise tend ce diet
de S. Augustin; le ne croiroye à l'Evangile, si l'authorité
de l'Eglise Catholique ne m'esmouvoit à ce
faire.
Laquelle authorité toutesfoys comprend seulement
la discretion des vrayes et faultes escriptures.
Car il est arresté, que toute escripture, qui a esté
receue au Canon comme vraye et divine, est totalement
immobile, et beaucoup plus grande que
toute authorité humaine: de laquelle Christ a diet,
qu'elle ne peult estre rompue. Parquoy on peult
bien veoir que c'est une chose vaine et contre nostre
religion, de disputer, assavoir si l'authorité de
l'Eglise doit estre préférée à l'escripture, si l'Eglise
peult abolir ou muer les choses, qui nous sont enseignées
en la parolle de Dieu, si elle peult rien
ordonner contre la parolle de Dieu. [fol. 26] Or
ainsi qu'enseigne l'Apostre S. Pierre (2 Epitre 1,
20): Puis que toute Prophétie de l'escripture n'est
point de propre interpretation de l'homme, veu
qu'elle n'a point esté autre foys apportée par volunté
humaine, mais les hommes inspirez par l'Esprit
de Dieu ont ainsi parlé : Dieu a aussi voulu,
que l'authorité d'interpréter les Escriptures, fust réservée
à l'Eglise, laquelle est gouvernée par le S.
Esprit, à celle fin que le mesme Esprit, qui est autheur
de l'escripture, soit celuy mesme qui l'expose;
dont nous lisons, .que nostre Seigneur ouvrit l'entendement
à ses disciples, pour entendre les Escrip-
> tures (Luc 24, 45).
Or on ne doit pas chercher ceste authorité en
un particulier, mais i. fault recourir à toute l'Eglise,
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