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597 ACTES DB RATISBONNE. 598<br />
LA SECONDE PARTIE DE LA RESPONSE DES PROTESTANS, TOUCHANT LA REFOR<br />
MATION DES MEURS, ET DE LA DISCIPLINE ECCLESIASTIQUE. COMPOSÉE PAR<br />
MARTIN BUCER. *)<br />
Or pource que l'Empereur, nostre souverain<br />
seigneur, a de sa grace requis, que les Electeurs,<br />
Princes et Estatz, luy déclarassent, par quelles voyes<br />
et moyens, on pourroit oster les grans abuz, qui<br />
dominent tant en Testat ecclesiasticque comme au<br />
séculier, Item, dresser et establir une reformation<br />
chrestienne, et une bonne restitution de la discipline,<br />
de laquelle chose nous avons grande nécessité:<br />
nous les ambassadeurs de l'électeur de Saxe,<br />
les Princes et Estatz, et les conseilliers et ambassadeurs<br />
des absens, qui suyvons la confession de Augspourg,<br />
et la Religion qui y est contenue, desirans<br />
d'humblement obtempérer à ceste saincte et gracieuse<br />
demande de l'Empereur: ayant considéré, selon<br />
qu'il nous estoit possible, l'estat present d'Allemaigne;<br />
pensons que quand à la reformation de<br />
Testât séculier, il sera bon que ce qui a esté délibéré<br />
aux iournées cy devant tenues touchant la police,<br />
et ce qui a esté déterminé, tant à Augspourg<br />
comme aultrepart, contre l'yvroignerie, la pompe<br />
des habillemens, les usures, les monopoles et aultres<br />
vices, avec ce qui a dernièrement esté touché<br />
par l'Empereur, tant en son mandement, comme en<br />
sa premiere proposition, soit mis de rechef en conseil,<br />
et que ce qui en aura esté conclud soit mis<br />
en execution. Si cela se faict, nous ne doubtons<br />
pas qu'on ne puisse venir à une bonne reformation<br />
de Testât séculier, et facilement corriger les abuz<br />
qui y dominent. Quant est de la reformation de<br />
Testât Ecclésiastique, nous avons donné charge à<br />
noz théologiens qui sont icy, de nous descrire quelque<br />
mode et forme d'icelle, sans quelque preiudice.<br />
Ce qu'ilz ont faict. Nous offrons donc Sire, à vostre<br />
maiesté ce conseil pour estre considéré et examiné<br />
tant par vous que par les Estatz de Taultre<br />
partie et nous mesmes. Le contenu est tel.<br />
[fol. 104] Premièrement, puis que la crainte de<br />
Dieu est le commencement de toute sagesse et salut,<br />
et toute nostre iustice et nostre salut gist en<br />
la vraye foy de Christ: il sera nécessaire, que de-<br />
1) Ce texte se trouve dans les recueils de Bucer {Act.<br />
Lot. p. 93 ss., Act. germ. f. 108) chez JBretschneider (Corpus<br />
Bef. IV. p. 542) et chez Hergang (Bel. Gespräch p. 398).<br />
Chez Bucer cette pièce porte un titre un peu différent, savoir:<br />
„Responsum Protestantium de reformandis abusibns ecclesiasticis<br />
datum Imperatoriae Maiestati 14. Iulii 1541. Authore<br />
Martino Bucero. Après son retour, et dès le mois d'Août,<br />
Bucer publia un petit écrit sur le même sujet, dont il sera<br />
question ultérieurement.<br />
vant toutes choses la doctrine de l'Evangile soit<br />
purement et entièrement enseignée par les Eglises,<br />
et que les Sacremens soient administrez selon icelle,<br />
et que tout ce qui se faict en l'Eglise, soit là rapporté.<br />
Or affin de faire quelque bon commencement<br />
de cela: il fauldra ordonner que tous les articles,<br />
qu'on aura icy passé avec la grace de Dieu,<br />
soyent receuz par tout l'Empire: et que tant les<br />
Predications, comme les Sacremens, et aultres ceremonies<br />
Ecclesiasticques, soyent conformes à iceulx.<br />
Car si on ne corrige en premier lieu, ce qui a esté<br />
perverty en la doctrine, aux Sacremens et en tout<br />
le service de Dieu: le gouvernement de la Religion<br />
demeurera corrumpu et contencieux et par ce moyen<br />
IESUS Christ se courroucera contre nous, tellement<br />
qu'on ne pourra rien constituer droictement, ny à<br />
profit en l'Empire, ny destourner la calamité, qui<br />
nous est tant prouchaine.<br />
D'avantage, pource que la Religion ne se peult<br />
bien restituer, ne en doctrine, ne en ceremonies,<br />
ne en la discipline, sinon que les Eglises ayent ministres<br />
propres et menez de bon zèle: il sera mestier<br />
de restituer aux Eglises leur droict d'eslire, ou<br />
pour le moins d'approuver leurs Ministres, selon<br />
que portent les Canons anciens. Tellement que à<br />
quiconques appartiennent les nominations ou presentations,<br />
qu'on appelle, sauf le droict d'un chascun,<br />
qu'ilz ne poulsent point les Ministres dedans<br />
les* Eglises, sinon qu'ilz soyent esleuz canonicquement<br />
et examines: puis approuvez du peuple, et<br />
des seigneurs ou gouverneurs. Ce que requiert l'article<br />
qui est mis au Livre, touchant la discipline.<br />
Et appert par les anciens Canons et constitutions<br />
des Empereurs chrestiens, que cela a esté sans difficulté<br />
commandé, comme une constitution indubitable<br />
du droict divin. Car nulle raison ne souffre,<br />
comme dit Leon, que ceux, qui doivent avoir le<br />
gouvernement de tous, ne soyent aussi requis et<br />
[fol. 105] approuvez de tous. Et de faict Texperience<br />
a monstre non sans gros detriment de l'Eglise,<br />
quelles gens, et combien ineptes au ministère,<br />
ont esté promeuz par les suffragans, et constituez<br />
en charge ecclésiastique: cependant que apertement<br />
contre les Canons et sainctes ordonnances des Empereurs,<br />
les gouverneurs des villes et les peuples<br />
ont esté exclus de l'élection et probation de leurs<br />
Ministres.<br />
D'avantage, comme ainsi soit que chascune<br />
ville moyennement peuplée, ayt mestier d'avoir son<br />
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