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585 ACTES DE RATISBONNE. 586<br />
LA RESPONCE DES PRINCES ET ESTATZ PROTESTANS, FAICTE A L'EMPEREUR, SUR<br />
CESTE DEMANDE, CONTENANT DEUX PARTIES, DONT LA PREMIERE EST DE LA DOC<br />
TRINE: ET A ESTÉ COMPOSÉE PAR PHTLD7PES MELANCTHON, COMME EL S'ENSUIT. l )<br />
Sire, nous avons leu le Livre quil vous a pieu<br />
mettre en avant pour monstrer la voye de modérer<br />
ou appoincter les controversies de l'Eglise. Nous<br />
avons ouy aussi la relation de ceux qui avoyent<br />
esté esleuz de nostre part: affin de myeulx sçavoir<br />
ce qu'ilz auroyent approuvé ou reietté. Nous ne<br />
doubtons pas, que vostre maiesté n'ayt proposé ce<br />
Livre à bonne intention: car nous avons mesme<br />
apperceu, que ceux qui l'ont faict, ont cherché moderation<br />
en plusieurs ahuz, tellement que si noz<br />
adversaires vouloyent estre équitables, il y auroit<br />
ia bonne entrée faicte à concorde.<br />
Pourtant nous remercions vostre [fol. 88] maiesté<br />
de ce qu'elle ayme myeulx, ces controversies<br />
ecclesiasticques estre décidées par conference de gens<br />
sçavans et forme paisible: laquelle est convenable<br />
à l'Eglise: priant Dieu, de tellement gouverner ces<br />
actions, que la vérité et doctrine de salut soyent<br />
myeulx esclarcies à l'Eglise de Christ.<br />
Or c'est chose pitoyable, que à cause du malheur,<br />
qui est en nostre temps, tous les differens<br />
n'ont peu estre réduis à concorde. Cela possible<br />
est advenu, par ce qu'il est difficille d'oster les abuz<br />
qui ont long temps régné, lesquels les uns entretiennent,<br />
à cause de l'antiquité, et de leurs prédécesseurs,<br />
les aultres pour aultres causes. Car on<br />
ne peult nyer, que plusieurs abuz, long temps a,<br />
n'ayent esté introduictz en l'Eglise, et que la pure<br />
doctrine de l'Evangile n'ayt esté obscurcie et corrumpue:<br />
en partie, par l'ignorance des Pasteurs,<br />
laquelle a esté tant à cause du vice, et de la rudesse<br />
des temps, que pour la negligence des gouverneurs,<br />
en partie d'aultant que la superstition a<br />
esté profitable aux prestres. Toiis ces vices establis<br />
par longues, années ont maintenant le tiltre de<br />
coustume ecclesiasticque. Or, veu qu'en si grandes<br />
ténèbres, qui sont en l'entendement humain, mau-<br />
1) Cette pièce se trouve chez Bucer {Act. Loi. p. 78 suiv.<br />
Act. germ. f. 96a), Melanchthon {Act. Lat. Opp. Witt. IV<br />
750) et Bretschneider {Corp. Bef. IV. p. 476). Chez Bucer<br />
eUe porte le titre suivant: „Responsum Principum et Statuum<br />
Protestantium quo Imperatoriae Maiestati sententiam suam da<br />
conciliatis et non conciliatis in colloquio articulis rogati exposuerunt,<br />
Autore Philippo Melanchthone." Chez Melanchthon<br />
le titre est conçu ainsi: „Responsio Principum et Statuum coniunctorum<br />
Augustanae Confessionis de libro exhibito Imperatori<br />
Carolo Aug. XII. Iulii." De la lettre à l'Empereur gui<br />
précède le mémoire il existe deux recensions différentes, l'une<br />
moins longue que Vautre. Cette dernière seule se lit dans les<br />
éditions latines, c'est donc celle-ci seule que Calvin a eue<br />
sous les yeux.<br />
vaises opinions peuvent facilement avoir heu, veu<br />
aussi que les cueurs des hommes déclinent tousiours<br />
en pis, Pauthoiïté de coustume doit bien estre<br />
soubzmise en l'Eglise à la parolle de Dieu, laquelle<br />
parolle est comme une estincelle luisante en<br />
ces ténèbres humaines, afin que nous ne soyons par<br />
faulses persuasions et coustumes vicieuses destournez<br />
de Dieu: mais nous sçavons que c'est chose<br />
difficile de corriger la coustume, encores quelque<br />
mauvaise qu'elle soit. Or puis que'vostre maiesté<br />
nous a commandé de dire nostre advis et opinion<br />
touchant le livre: premièrement, nous appelions<br />
Dieu en tesmoing, que nous aussi desirons la concorde<br />
de tout nostre cueur, moyennant qu'elle se face<br />
en sorte que la clarté et vérité de l'Évangile demeure<br />
en son entier, et ne doubtons pas, que vostre<br />
maiesté, [fol. 89] selon sa pieté et vertu excellente<br />
ne veuille qu'on ayt premièrement esgard à<br />
la vérité : laquelle doit clairement reluyre en l'Eglise.<br />
Nous entendons que des articles du Livre, les<br />
uns ont esté accordez par les députez, les aultres<br />
non. Nous avons diligemment poisé ceux qu'ilz<br />
avoyent communément passé: comme de la volunté<br />
humaine, du péché originel, de la iustification: et<br />
quelques aultres. Or combien que quelques poinetz<br />
ayent mestier de plus longue explication, comme il<br />
sera notté puis après: toutesfoys, quand on vouldra<br />
prendre à la bonne part les choses qui y sont dictes,<br />
et en iuger amyablement, exposant le tout sainement:<br />
nous ne reprenons pas le iugement des<br />
députez. Nous désirerions, que la doctrine de la<br />
grace de Christ et de la iustice de foy, fust purement<br />
publiée par les Eglises.<br />
Veu donc, que icelle est briefvement comprinse<br />
au Livre, si on tache d'avancer le salut des âmes,<br />
et establir bonne concorde, il fauldra adiouster une<br />
exposition, de peur que la briefveté, où obscureté,<br />
n'engendre nouveaux combatz. Car nous prenons<br />
les articles qui sont là en mesme sens, auquel les<br />
mesmes choses sont traictées en nostre confession<br />
et apologie. De nostre part, nous ne voulons rien<br />
envelopper, d'autant qu'il n'est pas ne iuste, ne<br />
utile à l'Eglise, de mettre en avant articles obscurs<br />
ou doubteux: lesquelz on puisse tirer à divers sens<br />
selon le plaisir d'un chascun. Parquoy, entant que<br />
nous avons peu, nous avons mis peine, que nostre<br />
sentence fust deuement et clairement exposée: laquelle<br />
nous ne doubtons pas estre vrayement le<br />
consentement de l'Eglise Catholicque.