Tom. V - Archive ouverte UNIGE

S'ENSUIVENT LES ARTICLES DES PROTESTANS
SUS AUCUNS POINCTZ DU LIVRE: LESQUELZ ILZ N'APPROUYOYENT PAS, OU NE
POUVOYENT SIMPLEMENT RECEYOIR. »)
Le premier de l'auctorité des Conciles. 3 )
Une singulière reverence, apres celle que nous
portons à Dieu et à sa parolle, est deue à l'Eglise : laquelle
Dieu a tant aymée, qu'il a voulu exposer son
Filz unique en sacrifice pour icelle, à laquelle il eslargit
son sainct Esprit: en laquelle il veult estre
honnoré à tout iamais. C'est donc un office de
pieté, de bien traicter et considérer, et recongnoistre
sans ingratitude tous les dons desquelz l'Eglise
est aornée: et comment Dieu l'a merveilleusement
conduicte dés le commencement. Elle a le Filz de
Dieu pour Sauveur, elle a l'Evangile: elle a le S.
Esprit pour gouverneur: elle a le ministère dressé
et entretenu par les Peres anciens, les Prophètes,
par Christ et ses Apostres. Elle a des Pasteurs:
et la puissance de constituer Ministres pour espandre
l'Evangile et le conserver. Elle a aultres dons
excellons, comme intelligence et interpretation de
la doctrine envoyée de Dieu, qui est une sagesse
cachée: et congnoissance du vouloir de Dieu toute
diverse au iugement de nostre raison, comme au
chapitre quatriesme aux Ephesiens il est escript:
H a donné des Apostres etc. Elle a oultre plus
l'administration des Sacremens, sa iurisdiqtion spirituelle
et ses iugemens. Mais il nous fault retenir
tousiours ceste reigle, que l'authorité de la narolle
de Dieu est plus grande que de homme vivant, que
de tous Evesques et Conciles, et mesmes de toute
1) Le texte latin se trouve chez Bucer p. bl ss., chez
Mélanchthon, avec une préface, Opp. ed. Witt. IV. 729 ss.
et dans le Corpus Beform. IV. 348 ss., enfin chez Hergang
p. 224 ss. L'auteur des Articles est Mélanchthon; ils furent
remis à l'Empereur et à la diète le 31 Mai 1541. Dans
notre texte français il y a des additions de Calvin, destinées
à exposer ses opinions personnelles. Nous aurons soin de les
indiquer. 2) En marge on a mis la lettre A. Voyez cidessus
page 533.
l'Eglise. Laquelle parolle nous est proposée aux
escriptz des Prophètes et des Apostres.
Or nous recongnoissons, que de l'authorité, laquelle
appartient à la vraye Eglise, il y a trois parties.
La premiere est de rendre tesmoignage des
escriptz Apostoliques, ou de discerner les livres
[fol. 62] des Apostres d'avec ceux qu'on a contrefaict
en leur nom. Car comme ainsi soit que plusieurs
livres volassent ça et là soubz leur tiltre, differens
de ceux qui à la vérité estoyent procédez
d'eulx: on a retenu ceux, dont les Eglises avoyent
bonne memoire, qu'ilz estoyent venuz des Apostres,
ou aultres serviteurs de Dieu dignes de. foy.
Apres le consentement universel des fidèles, retenant
ceux là, a reprouvé tous les aultres, qui ne convenoyent
pas avec. Car Eusebe recite, qu'il y a eu
une singulière diligence de conserver ce qui avoit
esté baillé par certaine authorité, et le discerner dès
livres qu'on a faict et semé à la volée.
Combien donc, que ce soit un singulier oeuvre
et benefice de Dieu, d'avoir conservé certains livres
des Prophètes et Apostres : toutesfoys si fault il
recongnoistre en cest endroict, tant la diligence que
l'authorité de l'Eglise : laquelle a en partie tesmoigné
des escriptz qui estoyent certains; en partie, a par
iugemens spirituelz reprouvé ceux, qui estoyent indignes
d'estre receuz; et n'accordoyent pas avec les
vrais. Pourtant sainct Augustin nous prise l'authorité
de l'Eglise premiere, recevant lès livres approuvez
par le consentement commun d'icelle: et reprouvant
ceux que de nouveau avoyent forgé les Manichéens.
A ceste cause, il diet: le ne croiroye point
à l'Evangile, si ie n'estoye esmeu de l'authorité de
l'Eglise universelle. Il entend qu'il est esmeu par
les tesmoignages qu'il avoit accordans ensemble de
l'Eglise ancienne, pour ne doubter que les livres
canoniques ne soyent venuz des Apostres et aultres
semblables escrivains dignes de foy.
Secondement il fault attribuer à l'Eglise ceste