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601 ACTES DE RATISBONNE. 602
remis au dessus, et cependant neantmoins, que le
droict de ceulx qui ont maintenant tiltre d'Evesques,
et iouissent du revenu, demeure en son entier,
c'est une chose [fol. 108] desirable à eulx et
laquelle ilz doivent beaucoup plustost promouvoir,
que de persévérer à grever les Eglises, et mesme
les dissiper et désoler, en les commettant à gens
ineptes et de mauvaise conscience, seulement pour
retenir le nom de pasteurs, lequel ilz ont occupé
iniustement: veu qu'en faisant le premier ilz pourront
conserver leur estât, dignité et seigneuries
pour l'advenir, et avec ce la grace de Dieu et des
hommes, et en bonne conscience iouir de ce qu'ilz
ont: en faisant comme ilz font maintenant, il leur
fault plus despendre à ces ventres mutiles qu'ilz
commettent en leur lieu, comme vicegerens. Et
s'ilz poursuivent, il est certain, qu'ilz emflamberont
l'ire de Dieu et la haine des hommes contre eulx
en telle sorte, qu'ilz se mettront avec tous leurs
biens en gros peril.
Touchant des noms et des tiltres, et aultres
choses qui pourroyent servir à orner et establir
leur puissance et dignité pour entretenir et garder
leurs subiectz en obéissance, on en pourra facilement
convenir.
Encor ne suffit il pas d'ordonner ministres sur
les Eglises, après les avoir bien examiné selon les
escriptures sainctes et canons anciens et constitutions
imperiales: Item de leur enioindre ce qui
appartient à leur ministère, distribuant tout en bon
ordre, les délivrer de toute charge et solicitude non
convenable, leur donner aide et support, comme il
a esté diet que les Princes et défenseurs ecclesiasticques
deveront faire: mais aussi convient, de leur
permettre et ottroyer toutes choses, lesquelles pourront
servir à ce qu'ilz vivent sainctement, sans reprehension,
et hors solicitude mondaine, et ainsi
demonstrer bon exemple à tous aultres de bien et
honnestement vivre.
Pour ceste cause, mesme pource que nous
avons expérimenté par tant de scandales, avec si
grand detriment jdes Eglises, comme ,Dieu veult,
que son ordonnance soit tenue, par laquelle il a
, déclaré qu'il n'est pas bon à l'homme d'estre seul,
pourtant qu'il fault qu'un chascun ait sa femme, et
chascune femme son mary, [fol. 109] affin d'éviter
scortation: sans nulle doubte, si on ne veult perdre
l'Eglise, on ne pourra plus différer de laisser le
mariage libre à tous ministres ecclésiastiques, à ce
que chascun selon la grace qui luy sera faicte, et
sa vocation, vive ou en mariage ou sans se marier,
et ainsi qu'il puisse servir à son Eglise en bonne
conscience et sans offense.
Et ne doit estre grief, de laisser derrière les
canons nouvellement faiclz de cela, lesquelz ne
conviennent point avec la parolle de Dieu: veu
que par si long temps, et avec si grosse ruine de
l'Eglise on a dissimulé en cest endroit une transgression
manifeste du commandement de Dieu et
des canons bien approuvez, qui accordoyent avec:
assavoir entant qu'on a toléré gens au ministère,
qui se contaminoyent en paillardise, et en toute
impudicité, avec lesquelz ü n'estoit pas licite aux
chrestiens de communiquer, non seulement aux
Sacremens: mais aussi en conversation extérieure.
Car avec telz, comme diet l'Apostre, les sainetz ne
doivent boire ne manger.
Et à ce qu'on délivre incontinent les ministres
ecclésiastiques de ceste deffence de mariage, nous
doit aussi inciter, que nous apercevons, long temps
a, que si ceste defence n'est bien tost ostée, on ne
trouvera homme, voire tel quel, qui se vueille
mettre en cest estât: tant s'en fault qu'il y en aie
de bien instruietz. Car tous ceux qui ont quelque
conscience ne se veulent mettre au dangier de vivre
sans femme: encores que tout le reste fust si bien
purgé et restitué au ministère, qu'il ne leur demeurast
plus de scrupule.
Or comme on doit laisser le sainct mariage libre
aux ministres ecclésiastiques, à ce qu'ilz puissent
purement et en chasteté faire leur office: aussi
d'aultrepart il convient les retirer de toutes aultres
occupations, délices et voluptez qui ne s'accordent
point avec leur estât, et à ceste cause leur sont
prohibées par les sainctes escriptures, loix imperiales
et decretz des conciles anciens. Comme sont,
faire marchandise, tenir taverne, estre facteur, ou
usurier, faire mestier de [fol. 110] gourmander et
yvrogner, s'addonner à ieuz deshonnestes, qui ne
conviennent pas à leur ministère, item à la chasse
et toutes aultres qui les pourroyent destourner de
leur vocation legitime, de l'estude des sainctes letres,
d'enseigner leur peuple, admonester, et monstrer
bon exemple, ou bien les empescher seulement,
ou les faire plus nonchalans.
Mais affin que les ministres, estans délivrez de
toutes aultres occupations, se puissent du tout employer
au service de l'Eglise, il sera aussi mestier
de les provoir on leurs nécessitez- libéralement: et
toutefoys avec telle moderation, que toute occasion,
tant d'intempérance et de nonchalance, que de gain
deshoneste et villain leur soit retrenchée. Il fauldra
pareillement, que les supérieurs tant séculiers
que ecclésiastiques, veillent diligemment sus la simonie:
veu que c'est crime publicq: et facent que
ceste sentence du Seigneur Dieu soit ramenée en
l'Eglise: Vous l'avez eu gratuitement, donnez le
doncq gratuitement. Pourtant il fauldra remettre
en usage la rigueur des peines,.que ont ordonné
les loix et les Canons, contre ce vice: et ne devera
estre permis à personne, de presenter, promettre,
donner ou prendre quelque argent, ou aultre re-