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631 ACTES DE ] ATISBONNE. 632
permettre ne porter, qu'on face des ordinations à
ie ne sçay quelz tiltres vains et volages, sans certain
office. Il fauldra aussi oster cest abuz d'ordonner
absolument, selon qu'il a esté défendu au
Concile de Chalcedoine: ') c'est à dire sans enioindre
et assigner certain office en quelque Eglise,
auquel s'employe celuy que on ordonne.
Et puis que nul ne peult suffire à plusieurs
ministères : il fauldra aussi oster cest abuz, que d'ores
enavant nul n'ayt plus d'une charge en l'Eglise, et
qu'on ne commette point diverses paroisses, ou Eveschez
à un seul homme: selon qu'il a esté interdict
au seule Concile de Chalcedoine 2 ) et plusieurs
aultres.
Il fauldra pareillement prendre garde que les
Evesques ne prennent rien pour leur promotion, et
que nul ne soit advance, ou pour argent, ou pour
aucune recommandation mondaine. Car les Canons
tiennent pour simonie telles insinuations oblicques,
et les punissent griefvement.
Comment ceulx qui ont office s'en doivent
acquiter.
Il fault corriger cest abuz, de supporter un
homme, qui neglige sa charge et enôores beaucoup
moins doit on porter ceulx qui sont absens de leurs
Eglises, pour quelques causes que ce soit. Car les
Canons et les loix défendent à tous Evesques de
laisser leurs Eglises longtemps, mesmes quand ce
seroit pour le profit d'icelles, et qu'ilz seroyent du
Conseil estroict de l'Empereur. Si quelqu'un deffault,
il est ordonné qu'il ne receoyve point le revenu de
son Eglise: si quelqu'un est absent plus d'un an,
il est commandé de le déposer.
Les mesmes loix et Canons ne permettent [fol.
144] point à iin Evesque de faire residence perpétuelle
en quelque lieu de son diocese hors son Eglise,
ou s'entremettre de quelque affaire quel qu'il soit,
d'autant, que par ceste occasion il seroit empesche
et distraict de sa charge, et qu'il ne pourroit vacquer
à son devoir. Et singulièrement veullent, que
tous Evesques -et tous clercs soyent tellement libres
de toutes solicitudes mondaines, qu'il ne leur soit
licite de prendre tutelles des enfans ou curatelles
des vefves.
Ces choses ont esté ordonnées en divers Conciles:
à sçavoir, au Concile de Nice, can. 6; d'Anthioche
can. 3 et 11 ; Laodicée can. 42 ; Sardice can.
3, 7, 9, 11, 12, 16; Constantinoble can. G ; Chalcedoine
can. 3; Carthage canons 23, 57, 72, 109. Aux Autenticques:
Quomodo oporteat Episcopos. Item, Ne
quis oratoria. Item, de sanctissimis Episcopis.
1) Can. 6. 2) Can. 10.
Et comme ainsi soit que le principal office d'un
Evesque soit d'enseigner le peuple, il ne fault permettre,
que les Evesques facent cela par aultruy.
Car comme S. Paul commande, il fault eslire ceulx
qui sont propres à enseigner et aussi vol'untaires.
Pareillement les Evesques doyvent en propre
personne visiter les Eglises de leur diocese. Pourtant
les sainctz Peres ont voulu les dioceses estre
tellement mesurez et limitez, que chascun Evesque
peust tous les ans en personne aller d'Eglise en
Eglise, et luymesme congnoistre du gouvernement
d'icelles. Et pourtant il fauldra aussi adviser à ce,
que les Canons commandent d'instituer nouveaux
eveschez, là où le peuple sera creu: affin que nulle
cité fort peuplée ne soit despourveue d'Evesque.
Pareillement les Prestres ne doyvent estre occupez
à aultre chose sinon à enseigner le peuple, et prescher
la parolle de Dieu, administrer les Sacremens,
et veiller à la discipline. Pourtant au Concile de
Komme, soubz sainct Grégoire, sont excommuniez
les prestres, lesquelz négligeant la charge d'enseigner,/'vacquent
à chanter en l'Eglise. Le mosme
concile defend aux Diacres de s'occuper en chantreries
ecclesiasticques, laissant derrière leur propre
office, [fol. 145] qui est de dispenser les aulmosnes,
assister à l'Evesque, et aux prestres, en la discipline.
t II fault doncques incontinent qu'il se pourra
commodément faire oster cest abuz, qu'on départit
le revenu des Eglises en certaines prébendes, et
qu'icelles probendes soyent conférées à gens qui
n'ont aultre office que de chanter et faire le service,
comme on appelle. Car après qu'on aura ordonné
le revenu, qui doit estre employé aux gages
de ceux qui ont les principaux offices et plus nécessaires,
comme les Evesques et les Prestres, qui
sont dispensateurs de la doctrine et des Sacremens,
et correcteurs des vices: Item les Diacres et soubz
Diacres, qui doyvent avoir principallement le soing
des paovres et des aulmosnes: Le reste du revenu
doit estre appliqué aux paovres et aux escoliers
qu'on prepare au service des Eglises, et assigne à
un chascun selon que requiert sa nécessité; laquelle
distribution se faisoit anciennement par l'authorité
de l'Evesque et des prestres, non pas toutesfoys sans
le conseil des Diacres. Mais pource que par le mauvais
gouvernement du clergé, tout cest ordre a esté
renversé: il seroit expedient de mettre remède à la
confusion qui est maintenant, tel que le mit Ioas roy
de Iudee. Car pource que les Prestres tournoyent
à leur prouffit particulier, tout ce qui s'offroit au
Temple, il ordonna son scribe sur les comptes avec
le grand sacrificateur, affin que rien ne périt par
fraude (2 Rois 12, 6 suiv.). Ainsi auiourdhuy il seroit
utile, qu'on adioingnit aux Prestres et Diacres,
quelques hommes de bien d'estat séculier, comme