Tom. V - Archive ouverte UNIGE

603 ACTES DE RATISBONό. 604
compense, poujr nomination, presentation, election, !
examen, approbation ou provision temporelle des j
Ministres, soubz peine de estre déposé du ministère,
et soubz aultres peines: lesquelles ont ordonné tant
les loix que les Canons.
Pourtant il ne fauldra d'oresenavant souffrir
que les Eglises d'Allemaigne, ou les Pasteurs d'icelles,
ayent à payer au Pape, ou à ceux de sa
chancelerie aucun argent, pour leurs confirmations,
collations, dispenses, ou toutes telles marchandises
de ceste boutique là. Car les examens, les elections
et confirmations des Pasteurs, se doyvent faire
comme les Canons le commandent. Quant est du
gouvernement temporel des Eveschez, on en pourra
aussi constituer, pour l'utilité publique, que rien de
cela ne se porte à Rome où on n'en sçaurait bonnement
iuger. Comme nous voyons aussi, qu'il a
[fol. Ill] esté défendu par les Canons des Conciles
Anricquains et aultres, de tirer les causes en lieux
si loingtains.
Or pour bien desraciner ceste peste de simonie,
et aller au devant de toutes vilaines praticques
et mauvaises: il fauldra aussi remettre sus les Canons,
qui défendent de promouvoir aucuns aux ordres
ecclésiastiques absolument, c'est à dire sinon
qu'il ayt certain ministère, lequel il puisse exercer
en personne. Item, de pourveoir un mesme homme
de plusieurs benefices, ou assigner plus grand sallaire
à quelqu'un que son ministère ne requiert.
H fauldra aussi restituer cela, que entre les ministères
de l'Eglise, tant à la dignité, comme au
revenu, on observe l'ordre, que monstrent tant les
sainctes escriptures que les Canons. C'est que ceulx,
qui ont charge d'ames, et sont pour administrer la
doctrine et les Sàoremens, soyent préférez à ceux
qui sont en office moindres, et moins nécessaires,
comme lecteurs et chantres. Car il est notoire, combien
les anciens Peres ont reprouvé, que on preferast
les Diacres aux Prestres.
C'est doncques chose beaucoup plus absurde,
que ceux qui n'ont aultre office que de chanter,
soyent en plus grand estime, que ceux qui exercent
office de vrays Prestres, c'est à dire Pasteurs
d'Eglise.
Toutes ces choses premises sont requises au
ministère ecclésiastique, tant du commandement
de Dieu, que par les Canons anciens et les loix
imperiales.
Parquoy, s'il est question de faire vraye reformation,
il les fault remettre en usage et les observer.
Car il ne fault iamais espérer restitution de
la discipline ecclesiasticque, si elle n'est redressée
premièrement entre les ministres, affin de donner
puis après bon exemple au reste du peuple.
De biens ecclésiastiques.
La charité et communication fraternelle qui estoit
du commencement de l'Eglise entre les chrestiens,
les incitoit à eslargir et consacrer de leurs
biens à Dieu, tant en leurs assemblées, que ailleurs:
à ce, que ceux qui administroyent [fol. 112] les biens
spirituelz, c'est à dire la doctrine de vie et les
sainetz Sacrementz, eussent leur vivre temporel,
pour n'estre point distraictz de leur ministère: affin
aussi que les frères indigens fussent secourus tellement,
que nul n'eust nécessité en la compagnie
chrestienne. Apres les Princes fidèles ont assigné
revenus du publique, tant pour les gaiges des Ministres,
et de ceux qu'on instruict, pour venir au
ministère, que pour la nourriture des paovres. Pareillement
les aultres ont puis donné champs, possessions,
heritaiges, et aultres rentes. Lesquelles
choses par succession de temps ont esté augmentées
sans fin et sans mesure, pour diverses considerations.
Toutesfoys les Canons ordonnent, que l'usage
et la distribution de tous ces biens soit telle. A
sçavoir qu'on en face quatre portions. Que l'une
soit laissée à l'Evesque, à ce qu'il puisse soustenir
les charges de son office, faire bien aux paovres
estrangiers, et aultres," et entretenir à l'escolle quelques
clers pour servir à l'Eglise. Que la seconde
soit pour le reste du clergé, à ce que chascun se
puisse entretenir en son ministère, ou bien à l'escolle,
pour se preparer. Que la tierce soit réservée
pour entretenir les Temples et bastimentz, et
fournir à telz fraiz. Que la quatriesme soit distribuée
aux paovres.
Depuis on a dressé diverses maisons pour la
nécessité des Eglises, tant en general, que des hommes
particuliers, avec les revenuz depenuans: comme
sont les escolles, les hospitaulx, pour les orfelins et
paovres enfans, pour vieilles gens, pour malades,
pour aultres indigens et estrangiers: lesquelz tous
ont leurs noms aux decretz et constitutions imperiales.
Ces revenuz pour la plus grand part, ont
esté commis au clergé, pour les conserver et dispenser;
pource qu'on estimoit cest estât là estre de
plus grande fidélité et de meilleure affection envers
les paovres. Ceux qui ont eu premièrement ceste
charge, on les a appeliez Diacres et soubz Diacres.
Depuis avec le temps, on a institué ceux qu'on
nomme œconomes et défenseurs.
[fol. 113] Or long temps a que cest ordre, lequel
devoit estre inviolable, entant que ces biens
estoyent dédiez à Dieu, a esté abatu, en telle sorte
que non seulement les portions, qu'on avoit attribué
au clergé qui servoit à l'Eglise, ou à ceux qui
se preparoyent pour y servir, Item, aux estrangers,
et aultres paovres, ne leur sont données, mais