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629 ACTES DE ]
afin que celuy qui doit estre pasteur de tous, soit
esleu de tous. Ce sont les parolles du Pape Leon
en son Epistre 87 en laquelle il testifie que ces
choses, comme iljes descrit, sont observées en l'élection
de l'Evesque, par ceux qui congnoissent la
reigle des Peres, et la doctrine des Apostres.') A
cela s'accorde ce qui est ordonné de l'élection des
Evesques et aultres ministres au Code: Quomodo
oporteat Episcopos. Item, de sanctissimis Episcopis.
Et sainct Grégoire escrivant aux Eglises, de
l'élection des Evesques, commect tousiours lacharge
d'eslire, au clergé, au conseil et au peuple, ou au
clergé, au prince et au peuple, selon que le gouvernement
de la ville estoit.
[fol. 141] C'est donques un abuz, que auiourdhuy
les clercs et les Evesques sont ordonnez sans
l'élection et consentement du conseil et du peuple,
ou de ceulx qui ont le gouvernement des villes.
Parquoy veu que les reigles des sainetz Peres commandent
de ne mettre Evesque par force, et sans
qu'il soit demandé du peuple et disent que la raison
ne permet nullement qu'on repute pour Evesques,
ceulx qui n'auront point esté esleuz par le
clergé et demandez par le peuple: on doit restituer
aux Eglises le droit de constituer leurs Evesques,
afin que celuy qui doit estre pasteur de tous soit
aussi esleu de tous. Ainsi des Curez ou doit avoir
le consentement des Eglises, au service desquelles
on les depute, quiconque ait le droict de les presenter.
De l'Examen.
Pource qu'il est nécessaire que les ministres
ecclésiastiques soyent de bonne estime et irrépréhensibles:
les sainetz canons 2 ) commandent d'examiner
et esprouver ceulx qu'on doit eslire au ministère.
Et ordonnent que cest examen soit faict
devant toute l'Eglise, 3 ) afin que quiconque aura quelque
chose à redire [sur celui qui est esleu, le puisse
mettre en avant. Et cela a esté tousiours observé
anciennement.
Car c'est une chose, comme diet sainct Cyprien, 4 )
prinse de l'authorité de l'Escripture, comme il le
prouve par tesmoignages, que les prestres en la presence
du peuple et devant les yeux de tous soyent
esleuz, afin que celuy qu'on receoit soit apprquvé
digne et idoine par le iugement et tesmoignage de
tous. Puis tantost après il diet: Dieu commande
que le prestre soit constitué devant toute la synagogue,
c'est à dire, il demonstre qu'on ne doit point
eslire prestre, sinon en l'assistance du peuple et de
1) Dist. 63. ca. Vota. 2) Au Concile de Nice c. 9. et
plusieurs aultres. 3) Au Concile de Carthage c. 51. 4) Ep.
4 du 1. livre,
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son sceu, affin que devant tous, ou les vices des mauvais
soyent decouvers, ou les mérites dos bons soyent
congneuz, et ainsi que la promotion soit iuste et legitime,
quand elle aura esté examinée par la voix
et iugement de tous.
[fol. 142] La manière est diligemment exposée
par Iustinien en ses constitutions nouvelles: Quomodo
oporteat Episcopos. Item, de sanctissimis
Episcopis, laquelle forme il fauldra suyvre.
H y a doneques aussi bien en cest endroict un
gros abuz, que les promotions se font sans examen:
car excepté quelques parolles frivoles, on n'observe
rien de tout cela. Les suffragans, qui en font l'office,
interroguent bien par trois fois touchant ceulx
qu'ilz veulent promouvoir: sont ilz iustes, sont ilz
dignes? il y a quelques gens apostez qui respondent:
ilz sont iustes, ilz sont dignes: mais ce sont gens
qui ne les congnoissent. Parquoy c'est pure moquerie
de tout ce qui s'y faict, et un pariure en chose
si digne et si sacrée.
Il est doneques besoing d'oster un tel abuz, et
remettre en usage la forme et sévérité de bien et
deuement examiner, comme elle est déclarée aux
Canons et autentiques.
De la forme d'ordonner en office Ecclesiasticque.
Les Canons anciens commandent que chascun
Evesque ordonne ses clercs, et chascun métropolitain
ses Evesques, non pas luy seul, mais avec les
Evesques de la province, ou pour le moins deux
d'entre eulx. Que si le métropolitain estoit absent,
lors ilz veullent que pour le moins trois Evesques
des plus prochains, facent l'ordination, en telle sorte
neantmoins, qu'ilz n'ordonnent sinon celuy qu'ilz
auront trouvé digne et propre par examen legitime.
Et ceste estoit anciennement la confirmation des Evesques,
dont il est parlé en plusieurs Conciles. ')
C'est donc un abuz, que le Pape s'attribue la
puissance, de promouvoir tous Prestres, quand il en
est requis, et de confirmer tous les Evesques.
Parquoy il fauldra restituer à un chascun Evesque
la promotion de son clergé, aux métropolitains
et Evesques voisins, l'ordination et confirmation des
Evesques, [fol. 143] et les astraindre à ceste loy, de
ne ordonner ou confirmer nul, qui ne soit deuement
esprouvé, et approuvé, par examen canonicque.
Et pource, qu'ordonner Evesques ou Prestres,
c'est les députer à certain ministère ecclesiasticque,
pour s'y employer fidèlement: on ne doit nullement
1) Au concile de Nice c. 4; de Carthage c. 13; de Chalcedoine
c. 27; de Sardice c. 6.
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