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571 ACTES DE ] EtATISBONNE. 572
à reciter, ou bien qu'on ignore. Et ce mot legitime
engendrera des scrupules. Pourtant seroit meilleur
de l'oster. D'avantage, la remission des péchez est
donnée par aultres moyens à ceux qui se repentent,
et croyent: comme par le ministère publique de
l'Evangile.
Des satisfactions. ')
La satisfaction qui a mérité remission de coulpe,
et délivrance de mort éternelle, est à la vérité la
seule mort du Filz de Dieu Iesus Christ, qui a
esté faict pour nous sacrifice: selon ceste sentence
de S. Iehan: Yoyci l'Aigneau de Dieu qui oste
les péchez du monde. Par cest Aigneau, nous obtenons
remission de coulpe, et sommes délivrez de la
mort éternelle, non point à cause de hoz œuvres,
ou poirr quelques satisfactions instituées par les hommes,
ou aucune recompense des peines, mais les manières
de faire en penitence, qu'on appelle satisfactions
canoniques, ont esté anciennement ordonnées
par les Evesques, ou pour exemples, ou pour disciplines.
Car quand ilz recevoient ceux qui avoyent
grièvement offensé, ilz les punissoyent, partie pour
.esprouverleur fermeté: à sçavoir s'ilz se repentoyent
de cœur: partie pour admonester les aultres par
telz exemples de se garder plus soingneusement de
faillir. Ilz estimoyent aussi, qu'il failloit tenir la
bride roidde à aucuns. Et ces cerimonies s'observoyent
devant l'absolution, comme signes de gens
coulpables, et qui doyvent respondre en cause criminelle.
Comme aussi entre les Payens [fol. 71]
il y a eu certains signes pour les homicides et aultres,
qui estoyent polluz de quelque crime iusque
à ce qu'ilz fussent absoubz.
Or ces peines sont creues petit à petit en l'Eglise,
quand l'erreur est survenu qu'elles meritoyent
la remission des péchez. Et les successeurs retenans
à grand peine quelque petit umbre de l'observation
ancienne, ont deffendu le nom de satisfaction
et ont cherché nouvelles causes pour approuver
ceste manière de faire. Hz allèguent que Dieu
est iuste, pour faire vengeance, et qu'il ne remet
point les péchez, sinon avec recompense des peines,
et adioustent, que les peines de purgatoire sont compensées,
non point par œuvres deues, mais imposées
par le confesseur, et que telles satisfactions
sont vaillables, mesme quand elles se font par les
iniques. H est nécessaire de reprendre ces erreurs,
qui ont esté introduictz en l'Eglise. Car il est nécessaire,
que la doctrine de la remission des péchez
gratuite consiste ferme et demeure en l'Eglise. H
est nécessaire aussi que cela soit entendu, que les
œuvres ordonnées par les hommes sans le comman-
1) Lettre D. Voyez ci-dessus page 543.
dement de Dieu, ne sont pas services divins, selon
ceste sentence: C'est en vain qu'on me honnore
par commandemens des hommes.
A ce qu'on allègue, que Dieu comme iuste iuge
punist les péchez: il est vray que Dieu punist
mesme les esleux. Premièrement, par contrictions
et horreurs de conscience , desquelz parle David,
disant: Seigneur ne m'argue point en ta fureur. Et
Ezechiel: Comme un lyon il a brisé tous mes oz.
Ces terreurs sont plus vrayement peines, que des
pleurs telz quelz de satisfaction.
Secondement Dieu punist de peines specialles,
plusieurs faultes de ceulx, qui se sont retournez à,
luy, comme l'adultère de David. Et telles peines
ordonnées de Dieu, sont tousiours sur les Sainotz:
comme le Pseaulme diet des esleuz: le visiteray
leurs iniquitez par verges. Item, le iugement commence
à la maison du Seigneur: car Dieu chastie
les siens, affin que toute nonchalance [fol. 72] charnelle
soit purgée en eulx et que la crainte de son
Nom, la repentance, la foy, et l'invocation, soyent
augmentées. Combien que toutes les afflictions, ne
soyent point peines de certains crimes ; comme tousiours
la fleur de l'Eglise, les Prophètes, les Apostres
et aultres personnages excellons, qui ont enduré
grandes calamitez, par singulière providence
de Dieu. Car il veult que son Eglise non seulement
soit subiette en ceste vie aux misères qui s'ensuyvent
communément en tous de la premiere cheute
d'Adam: mais veult aussi qu'elle soit exercée speciallement
pour plusieurs causes. La multitude des
meschans ne recongnoist point le péché, ne l'ire
de Dieu, mais comme il est diet en Genese : le péché
se repose en eux iusques à ce, qu'il sera revellé: c'est
à dire, il ne les espouvante pas iusques à ce, qu'ilz
en sentiront les peines. L'Eglise donc est chastiée
par dessus tous les aultres, affin de recongnoistre ses
péchez et la corruption enracinée en nostre nature,
et prouffiter en la craincte de Dieu et en penitence.
Il y a aussi une aultre cause, c'est que s'il n'y avoit
des perilz et grandes batailles, la foy et l'invocation
languiroyent. Pour ceste cause l'Eglise est exercée
en beaucoup de batailles. Comme ü est escript en
Genese, le serpent mordra son talon, les fidèles sentent
ses morsures bien aigres et bien poignantes,
en plusieurs sortes, en tentations diverses et afflictions.
Et est la propre sagesse de l'Eglise, d'entendre
que Dieu veult humilier les Sainctz et les
faire semblables en ceste vie mortelle à l'image de
Christ. Item, qu'il regarde sur les affligez, comme
sainct Pierre exhorte: Humiliez vous soubz la main
puissante du Seigneur. Ceste puissance est" puissamment
declairée de Dieu en l'une sorte et en l'aultre.
H chastie les nonchallans, comme David, Sanson
et Nabuchodonozor. D'aultre part, il redresse
puissamment ceux qui font penitence et invocquent