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621 ACTES DB ]<br />
combien grande multitude d'ames ceste loy de célibat<br />
ou inhibition de se marier, a tiré desia long<br />
temps par cy devant en damnation éternelle.<br />
Combien doncques, que le célibat par adventure<br />
est le plus duysant et convenable, pour contregarder<br />
les richesses ecclésiastiques, toutesfoys, on<br />
doit plus avoir d'esgard au vray service de Dieu,<br />
salut des âmes, et exemple publicque. Car les<br />
Prestres estans souillez de mauvaise conscience, ne<br />
peuvent invocquer Dieu, ains ilz tresbuchent en<br />
perdition éternelle et portent dommage par leur<br />
maulvais exemple aux meurs et conditions des<br />
aultres.<br />
" Si les gouverneurs ne sont esmeuz par ces<br />
causes de si grande importance, s'ilz empeschent<br />
la vraye invocation, s'ilz ne sont touché en leur<br />
cœur pour la perdition des aultres, véritablement<br />
il y aura en l'Eglise une trop aspre servitude: Parquoy<br />
nous prions que les ministres de l'Evangile<br />
soyent retirez du lien de Célibat.<br />
C'est un abuz commun partout, par lequel<br />
Dieu est griefvement offencé, en ce que les hommes<br />
addonnez et subiectz à publique turpitude demandent<br />
absolution, et viennent à la Cène du<br />
Seigneur sans aucune vraye repentance, ia soit<br />
toutesfoys qiie pour la manière accoustumée de<br />
faire ilz monstrent quelque feincte apparence de<br />
penitence. Cela vient de ce que les Evesques depuis<br />
long temps n'ont tenu compte des iugemens<br />
ecclésiastiques, comme nous déclarerons puis après.<br />
Mais toutesfoys qu'il soit commandé aux pasteurs,<br />
que prudemment ilz administrent [fol. 131] les Sacremens,<br />
ne donnans aucune absolution à ceulx qui<br />
ne promettent emendement de leur vie. Et s'ilz<br />
peuvent qu'ilz donnent à congnoistre aux iuges ecclésiastiques<br />
ou aultres Magistratz, ceulx qui seront<br />
addonnez à paillardise publique.<br />
Que les pasteurs une fois l'an en chascune<br />
Eglise oyent leurs parroissiens par ordre, principalement<br />
les plus rudes et ignorans, les examinans<br />
de leur foy, et que cela se face au temple. Or il<br />
n'y a personne qui se puisse substraire de l'authorité<br />
du pasteur en cest endroit: car nous devons<br />
tous en particulier faire profession de nostre foy,<br />
principalement devant les bons et fidèles pasteurs,<br />
quand selon leur devoir ilz le requièrent.<br />
Lors le pasteur doit admonester en prudence<br />
et gravité, mesme un chascun particulièrement des<br />
choses qui sont requises, selon l'eage et conditions<br />
d'un chascun, enseignans lès ignorans, de foy, des<br />
bonnes meurs et de l'usage des Sacremens.<br />
Et à celle fin que le peuple puisse venir à la<br />
Cène en bonne et paisible conscience: il fauldra<br />
pourveoyr aux consciences de ceulx qui ayment<br />
miculx user du Sacrement tout entier, veu qu'ilz<br />
congnoissent, que telle est la coustume ancienne.<br />
iTISBONNE. 622<br />
Car nul ayant en soy mauvaise conscience ne peult<br />
invoquer Dieu.<br />
A celle fin doncques, que Dieu soit honnoré,<br />
et qu'on ayt esgard au salut de aultruy, les gouverneurs<br />
se doyvent bien donner garde que les<br />
consciences, qui ont reverence à Dieu, ne soyent<br />
blessées.<br />
Il est aussi tout evident, que ceste cérémonie<br />
a esté instituée pour confirmer la foy es pensées<br />
craintifves et paoureuses, leur donnant consolation:<br />
aussi à celle fin, qu'en icelles on rendist graces à<br />
Dieu. Mais comment pourra la conscience navrée<br />
et blessée prendre consolation, ou rendre graces?<br />
C'estoit l'office et devoir des gouverneurs de l'Eglise<br />
de visiter et guarir ces playes secrettes. Doncques,<br />
que [fol. 132] l'abuz soit aboly: c'est 4 sçavoir,<br />
la prohibition du calice.<br />
C'est un tresgrand abuz, qui est commis par<br />
tout, en ce, que les iugementz ecclesiasticques ne<br />
sont exercez, ny de la doctrine, ny des meurs des<br />
Prestres, ou du peuple.<br />
Premièrement quand est ce, que les Papes ont<br />
assemblé Conciles, pour consulter vrayement et droictement<br />
touchant la doctrine? Mais maintenant nous<br />
parlons des Eglises particulières. Les Evesques ont<br />
leurs officiaux, comme ilz appellent, auxquelz on a<br />
donné la charge et commission des causes, qui concernent<br />
les contracta de mariages et aultres certaines<br />
inquisitions. Iceux n'entendent point leur<br />
office, ny ne le font. Mais ilz ont quelque manière<br />
d'attrapper argent, ce qui seroit trop long à<br />
racompter.<br />
Nous ne pourrions sans grande tristesse racompter<br />
les calamitez de l'Eglise. Nous avons en<br />
Allemaigne force tiltres d'Evesques, mais nous n'en<br />
avons point qui face son devoir. Car puis que quatre<br />
sont les principaux offices de l'Evesque, enseigner<br />
et conduire la doctrine, ordonner et examiner<br />
ceux qu'on ordonne, maintenir les iugemens<br />
ecclesiasticques, visiter les Eglises: à grand peine<br />
noz Evesques d'Allemaigne ont retenu l'umbre et<br />
cérémonie d'une seule partie: comme l'ordination<br />
sans aucune espreuve. Toutesfoys cependant ilz ont<br />
les grandes seigneuries: lesquelles gouvernans, ilz<br />
font l'office de Ducz, non d'Evesques. Or s'ilz les<br />
veullent retenir, nous n'y mettons point d'empeschement,<br />
à tout le moins, qu'ilz pourveoyvent de<br />
certains personnages qui gouvernent l'Eglise droictement:<br />
et comme il a esté diet par cy dessus, il<br />
fault qu'en une chascune Eglise certains soyent desputez,<br />
qui seront sur l'ordination et espreuve de<br />
ceux qui seront ordonnez: en telle sorte que euxmesmes<br />
ou aultres soyent députez pour les iugemens<br />
ecclésiastiques, et qu'ilz visitent les Eglises.<br />
Donc qu'il y ayt quelqu'un ordonné en certain<br />
lieu, ou ceste assemblée de iuges, qui exerce vraye-