Tom. V - Archive ouverte UNIGE

531 ACTES DE RATISBONNE. 532
ont esté une foys illuminez, et qui ont gousté le bien fidèle, qui interprètent ces passaiges de l'A­
don celeste, et sont faictz partieipans de l'Esprit postre, d'une aultre renovation, par le baptesme,
sainct, qui ont aussi gousté la bonté de la parolle laquelle l'Eglise n'approuve point, en tant qu'en
de Dieu, et les vertuz du siècle futur, estans tom­ icelle n'y en à qu'un.
bez, ilz puissent de rechef estre renouvelez à peni­ Or il est tout evident, que la forme de contence,
crucifiant de rechef en eux mesmes le filz version après la cheute est telle, comme il a esté
de Dieu, et l'ayans en moquerie. Et en un aultre diet par cy dessus, au propos de iustification, qu'elle
passaige de la mesme Epistre (10, 26): A ceux qui consiste en mortification et vivification. Mais mor­
pèchent voluntairement après avoir receu la contification, selon que nous la prenons en cest engnoissance
de vérité, n'est point laissé de sacrifice droit, ne requiert pas seullement contrition et des­
pour leurs péchez: mais attente terrible de iugeplaisance, mais aussi confession, et satisfaction casment.
Car par ce l'Apostre denote que ceux lestigatoire, de laquelle sera pai'lé cy après. Car la:
quelz ayans receu la congnoissance de l'Evangile, penitence apres le baptesme est descripte de l'A­
crucifient de rechef en eux mesmes le filz de Dieu: postre en telle sorte, que ceux qui ont péché ayent
et qui ne cessent point de pécher voluntairement douleur et tristesse, selon Dieu: engendrant en eulx
n'obtiennent aucun sacrifice pour leurs péchez, ou solicitude, indignation, satisfaction, crainte, désir et
aultre revocation par penitence: comme on peult punition (2 Cor. 7, 11).
veoyr au traistre Iudas, lequel ayant livré et re- Or ceste mortification est accomplie en nous,
iecté Christ, n'a trouvé aucun lieu de penitence, non point tant par le ministère [fol. 23] de la loy
combien qu'estant esmeu de desplaisance du péché de Moyse, que par la loy et vigueur do l'Esprit de
par luy commis, ayt crié à haulte voix : Tay péché vie, quand icelle, entée en nous par le baptesme,
en livrant le sang iuste (Matth. 27, 4). Car il n'a et puis de rechef accablée par péché, est en nous
pas retourné ses yeux vers le Rédempteur qu'il ressuscitée, par la parolle de l'Evangile, laquelle
avoit reiecté en le trahissant. Comme aussi l'A­ s'escrye en noz cœurs: Souvienne toy d'ont tu es
postre racompte de Esau (Ebr. 12, 17), et de tous tombé et fay penitence, et fay les œuvres premieres,
aultres, qui ont prié, que Dieu ne parlast point â aultrement ie vien sur toy incontinent (Apoc. 2,
eux, et ont refusé de l'öuyr. Et s'accorde à cecy 5). Item: O Calâtes insensez, qui vous a ensor­
ce qui est diet, que celuy qui ne croyt en Christ est celé, que vous n'obeyssez à vérité? devant les yeux
ia iugé : ' car il n'a pas creu au Nom du filz de Dieu desquelz Iesus a esté par cy devant descript, et
(lean 3, 18). Et puis est diet, que celuy, qui ne entre vous crucifié (Cal. 3, 1 ss.)? Et en un aul­
croyra au filz, ne verra point la vie; ains la mort tre lieu (Ebr. 10, 28): Celuy qui transgressoit la
demeurera sur [fol. 22] luy. Et cestuy est le pé­ loy de Moyse, pour deux ou trois tesmoingz il mouché
à la mort, duquel est parlé en la premiere de roit, sans aucune grace. Combien par plus forte
S. Iehan (5, 16). Et l'Apostre tesmoigne aux Ebrieux raison pensez vous que celuy mérite plus griefz
(3, 12), que excepté ce crime tresenorme d'incré­ tourmentz, qui aura foulé lo filz de Dieu?
dulité et d'obstination perdurante, il n'y a péché, Ceste voix révoque et réduit nostre esprit pré­
ny mesme blaspheme, excepté celle contre le S. Es- occupé par péché à desplaisance et gemissemens
' prit, qui ne puisse estre remfz en l'Eglise: moyen­ inénarrables, lesquelz sortent et s'avancent iusques
nant que par foy nous retournions à Christ, crôyans à confession: et engendrent solicitude, indignation,
qu'en ce sacrifice seul et non en aultre, noz péchez satisfaction, crainte, désir, et punition sur nous.
sont abolys. Car l'Apostre dit ainsi: Donnez vous Desquelles esmotions d'esprit est parlé au Prophète
bien garde, frères, que d'aventure en aucun de vous David : Le sacrifice (dit-il) plaisant à Dieu, est l'es­
ne soit un cœur maling d'incrédulité, pour se déprit aifligé: mon Dieu, tu ne mespriseras point un
partir du Dieu vivant: mais enhortez vous vousmes- cœur contrit et humilié (Ps. 51, 19).
mes, par chascun iour, tandis qu'auiourdhuy sera A ceste crainte la foy donne secours, qui re­
nommé, à celle fin qu'aucun ne soit endurcy par garde en Christ: lequel nous avons pour advocat
la fallace de péché. Car comme il dit puis après: iuste envers le Père, et qui est l'appoinctement
nous sommes faictz partieipans de Christ: si toute- pour noz péchez, et non pour les nostres seulement,
foys nous retenons le commencement de sa sub­ mais pour ceux de tout le monde (1 lean 2, 1).
stance, iusque à ferme fin. Car tous ceux qui sont Parquoy il peult sauver à tousioursmais, ceux qui
sortis d'Egypte, en general n'ont pas péché, mais par luy seul s'approcheront de Dieu, tousiours vi­
ceux lesquelz oyans la voix du Seigneur l'ont provant pour prier pour nous, ayant sacrificature eter^
voqué à ire, et ont endurcy leurs cœurs, estans nelle, entant qu'il demeure éternellement.
incrédules: ceux là (dis-ie) seulement n'ont peu en­ Par ceste foy nous recevons de rechef innovatrer
en la terre, à cause de leur incrédulité. Comtion d'esprit, et vivification est conioincte avec morbien
aussi, que l'exposition des Sainctz pères soit I tification. _Car David prie ainsi (Ps. 51, ôss.): Pour-