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593 ACTES DE RATISBONNE. 594
sainct Paul diet au contraire, que tous ceux qui
sont d'Israël, ne sont pas Israel. Pourtant il seroit
aussi meilleur au tiltre de l'Eglise, là où elle
est deffinie estre assemblée des bons et des mauvais,
qu'on mist ainsi: l'Eglise visible est assemblée
et cetera.
Touchant que ce mesme article condamne ceulx
qui se despartent de l'Eglise, [fol. 98] il parle de
ceulx qui se séparent des bons et fidèles docteurs.
Nous confessons aussi qu'il ne se fault point séparer
de eulx, mais il fault adiouster au contraire,
que iustement on se retire de ceulx qui maintiennent
faulse doctrine et meurtrissent les innocens
pour la confession de vérité, desquelz S. Paul diet:
Si quelqu'un annonce aultre Evangile, qu'il soit en
malediction. Ce que monstre l'exemple qui est allégué
au Livre. Car Helie certes et ses auditeurs
estoyent séparez de la religion de Baal, comme diet
le texte. Hz s'estoient doneques despartis de la
compagnie des prestres d'Achab. Nous pensons que
nul homme docte ne nous nyera cela, et nous sommes
contrainetz de le dire expressément affin que
quand on obiecte à noz Eglises, qu'elles sont scismatiques,
il ne semble pas advis que nous les confessions
telles, comme ainsi soit qu'elles soient membres
de l'Eglise de Christ, entant que la pure doctrine
de l'Evangile y reluyt, par laquelle le S. Esprit
besongne en efficace: entant aussi que Dieu le
Père de nostre Seigneur Iesus Christ y est invoqué
en vraye foy.
Nous n'avons pas les cœurs tant de pierre, ne
de fer, que quand on nous reprouche, que nous
sommes en scismes, une telle et si griefve iniure
ne nous touche: que nous soions aussi esmeuz de
la dissipation qui est auiourdhuy, et en pensant à
tant de maulx qui ont accoustumé de s'ensuyvre
des discordes. Et de faict, nous désirerions de rachepter
par nostre mort une vraye concorde et saincte.
Pour ceste cause nous nous sommes tant de fois
offert à iugemens équitables et bon appointement.
Mais noz Eglises ont esté reiettées et divisées des
aultres, premièrement, par la condemnation iniuste
du Pape, puis après par la cruaulté des Evesques.
Combien y en a il eu des nostresqui ont esté meurtris
pour ceste doctrine? De là on peult iuger dont
est venue la separation, et qui en est en coulpe.
Le Livre condamne aussi ceux qui rompent le
lyen de charité. Ce que nous entendons de l'obéissance
envers le ministère de la doctrine, do la
pure doctrine [fol. 99] de l'Evangile, administration
des Sacremens et iurisdiction commandée en l'Evangile.
Nous enseignons aussi de nostre part, qu'on
doit rendre obéissance au vray ministère. Mais il
semble que le Livre en après au tiltre de l'ordre
Hiérarchique, interprète cela des traditions humaines,
là où les nostres ont mis un article au con-
Calvini opera. Vol. V.
traire. Car noz Eglises ont eu bonnes et iustes
causes de changer aucunes traditions humaines, ausquelles
estoyent survenues quelques superstitions.
Car il fault que ceste doctrine de Christ soit congneue:
C'est en vain qu'on me honnore par commandemens
humains.
D'avantage la chose monstre, lesquelz ce sont,
qui rompent le lyen de charité. Les Papes et aucuns
Evesques meurtrissent les nostres et enflambent
les cœurs des Princes alencontre de nous. Cependant,
ilz se vantent de garder le lyen de charité
, et que nous le rompons : pource que nous
négligeons quelques traditions, iniustes. Combien
que l'office de charité est user d'équité à modérer
les traditions.
Au tiltre de penitence apres la cheute, le reste
nous plaist bien, mais pource que les nostres ont
puis après présenté des articles de confession et satisfaction,
il ne nous a pas esté loisible de nous
taire, en cest endroict, de ce qui est touché là de
ceste matière, de peur qu'il ne semblast advis, que
nous le voulsissions recevoir. Mortification, en l'escripture,
signifie l'œuvre du S. Esprit, au milieu
des grandes tribulations: desquelles nous voions
l'Eglise estre asprement agitée en danglers assiduelz.
Mais le récit des péchez, et la satisfaction
sont formes de faire inventées des hommes: auxquelles
beaucoup d'abuz sont survenus. En ce mesme
heu S. Paul est allégué, pour louer les satisfactions:
comme ainsi soit qu'il parle là de la peine ordinaire
constituée en l'Evangile, à sçavoir de l'excommunication.
Ce dire n'appartient rien à ces satisfactions
nouvelles.
Au tiltre des Sacremens, le Livre diet bien,
en disant que la grace n'est pas seulement signifiée
par les Sacremens; mais aussi que ceux qui en
usent sont sanctifiez. Toutesfoys nous desirons, qu'on
adiou8te, que ceux qui sont en eage de discretion
doivent [fol. 100] venir aux Sacremens, avecques foy,
pour recevoir les promesses, à cause desquelles les
Sacremens sont instituez. Item: Que iceux ne profitent
de rien à ceux qui sont en eage, sinon qu'ilz
ayent bon cœur et droict.
Quant à l'ordination nous approuvons tresbien
l'ancienne coustume de l'Eglise, c'est que ceux qu'on
doit promouvoir soyent examinez et instruietz, et
qu'on ne les admette point au ministère sans le
tesmoignaige de gens doctes, lesquelz soyent au gouvernement
de l'Eglise. Et seroit à désirer, que les
Evesques après la reformation, prinssent sus eux
ceste charge: laquelle comme elle est tresdifficile,
aussi est elle nécessaire à l'Eglise. De faict nous
avons entendu, que les nostres ont nommément
concédé l'authbrité de promouvoir aux Evesques, si
la reformation procède.
Or combien que les nostres par quelque espe-
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