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657 ACTES DE RATISBONNE. 658
pourront facilement se donner garde et preveoir,
si aucune de ces taches et macules qui suyvent
maintenant l'Allemaigne, ne se fourre en leurs
Dioceses, et tout soubdain en temps y mettre remède.
Il sera bon aussi d'avoir aucuns inquisiteurs
aux aultres lieux où les Evesques ne demeurent: à
celle fin qu'ilz soyent advertiz par iceulx, si nostre
adversaire les a point tentez par quelque fraude, et
à celle fin qu'ilz y puissent tout incontinent pourveoir
et remédier.
Il sera bon aussi de visiter souvent les Dioceses,
comme les Capitaines ont de coustume de
faire es villes assiégées et assailliées des ennemys.
H fauldra prendre peine, que le service divin soit
en vigueur en noz Eglises: et que les benefices
soyent conférez à gens de bien et suffisans.
Le quatriesme concerne la dispensation des richesses
et revenuz des Evesques, pour laquelle on
acquiert une grande envie envers le peuple, quand
il voit un Evesque, qui despend beaucoup en boubance,
et grand apparat de sa maison et famille,
et que les paovres sont mis arrière; parquoy il fault
éviter, toutes telles despences, et sur toutes choses
les paovres doyvent estre substentez, usans d'une
grande largesse, pour subvenir à leurs nécessitez:
Et par ce moyen Dieu nous sera propice (car le
Seigneur, comme dit Salomon, rend au double à
celuy qui a pitié du paovre) et le peuple nous aymera.
Pour ce faire, il fault avoir esgard à la dispensation
de noz richesses.
Le cinquiesme touche la discipline [fol. 175] et
institution du peuple. Il fault avoir bons Prescheurs
et sçavans, qui puissent enseigner les bonnes meurs,
et par parolle et par exemple : et aussi bonne et vraye
doctrine, qui ne soyent point contentieux, ny poursuyvans
les adversaires, à celle fin qu'il ne semble
qu'ilz les hayssent, ains qu'ilz les ayment et leur
souhaitent bonnes choses. Car la poursuite trop
aigre les irrite, et les rend plus obstinez, et n'édifie
point le peuple.
Le sixiesme appartient à l'institution de la
ieunesse, en lettres et disciplines : enquoy nous voyons
les protestans ne laisser rien passer, ains chercher
tous moyens, pour avoir en leurs escoles gens sçavans
et de renom: par la renommée desquelz, les
enfans d'Allemaigne et principalement les nobles
sont attirez à leurs escoles, esquelles avec les lettres
üz sont enseignez en la doctrine des protestans,
par laquelle ilz sont corrompuz, et puis estans espanduz
par toute l'Allemaigne, ilz infectent aussi
les aultres. A cause de quoy, il fault employer
toute diligence, à ce que les catholicques establissent
escoles et colleges, donnans gages à maistres
catholicques, vrayement sçavans en bonnes lettres
et disciplines, qui soyent de grand renom, à celle
Oalvini opera. Vol. V.
fin que par leur renommée la ieunesse et les nobles
soyent attirez à noz colleges, et que là ilz
soyent instruictz en bonnes lettres et pure doctrine.
Aussi que les Evesques advertissent les parens,
qu'ilz ne permettent, que les enfans soyent instituez
es colleges, où la vraye foy n'a point de vigueur,
principalement, veu qu'ilz ont des escoles
catholiques toutes prestes.
Yoicy ce qu'il nous a semblé bon de proposer
à voz tresreverendes et tresillustres seigneuries,
comme certains poinctz en general, esquelz plusieurs
particuliers peuvent estre adioustez selon la prudence
d'un chascun, et ce nous avons faict pour
obéir à nostre souverain seigneur nostre sainct
père le Pape, qui nous a donné charge de vous
enhorter à reformation chrestienne: ensemble pour
nous acquiter de l'office de nostre dignité, qui est
de Legat du siege Apostolique, [fol. 176] auquel
siege appartient le soing de toutes les Eglises: aussi
pour satisfaire à charité fraternelle et à ceste amitié,
laquelle pour plusieurs causes nous nous apercevons
avoir avec vostre tresnoble et louable nation.
Voila donc ') où en demeure monsieur le Legat,
c'est que d'autant que le monde est si fasché des
vices et dissolutions du clergé, qu'il ne les peult
plus porter: il conseille aux Evesques et aux prelatz
de se restraindre, tant en vivre qu'en abillemens,
et aultres pompes, affin de ne point scandaliser
le peuple. Item, de mieulx reigler leurs familles.
Item, de faire quelques aulmosnes, affin
qu'on ne murmure pas tant de la dissipation des
biens ecclesiasticques. Item, d'avoir des prescheurs,
qui puissent tenir le peuple, affin qu'il n'appette
point changement de doctrine. Et de veiller de
leur part en leurs dioceses, de peur que la Religion
des protestans ne pullule. Et pource, que les escoles
des protestantz ont esté cause de faire beaucoup
multiplier leur Religion, qu'ilz procurent d'avoir
bonnes escoles de leur costé, à ce qu'on n'envoyé
plus là les enfans. Mais il estoit bien question
de toucher aultres playes pour donner bonne
médecine. Le monde est plein d'idolâtrie toute manifeste,
tant en relicques, comme en images et aultres
choses: tellement qu'il n'y, en a eu iamais gueres
d'avantage entire les payens: au lieu d'honnorer
Dieu et de l'invocquer, chascun se forge des dieux
à sa poste de sainctz et de sainctes: la forme de
servir Dieu est toute dépravée: la vertu de Iesus
Christ est comme ensepvelie, et par consequent son
1) Ce qui suit ne se lit point ailleurs dans les éditions
des Actes, et doit avoir été ajouté par Calvin.
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