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625 ACTES DE RATISBONNE. 626
eres et maistres des escoles. Et les escoles ne sont
pas seulement pour semence des Eglises, mais là
on y dresse les espritz à quelque manière de vivre
que ce soit. Mesme les escoles sont les fontaines
d'humanité, en toute la vie, et icelles estans mesprisées
il fault nécessairement que plusieurs ténèbres
s'enstiyveut, confusion de religion, superstitions,
destruction des loix, letres et artz, oubliance
d'antiquité et des hystoires, ou humanité en meurs:
finalement une barbarie infinie, en toutes les parties
de la vie. À ceste cause tous sages gouverneurs
ont iugé l'establissement des escoles estre
principalement utile à la chose publique et icelles
bien ordonnées, [fol. 136] estre la principalle decoration
et aornement des Citez. Combien donc par
plus forte raison doit on maintenir les escoles en
l'Eglise? esquelles est contregardée et avancée la
doctrine de l'Evangile, et toutes bonnes sciences,
utiles tant pour expliquer la doctrine celeste, que
pour gouverner les aultres choses qui concernent la
vie de l'homme? Et en cecy nous devons estre esmeuz
par la coustume de l'Eglise de tout temps.
Car l'Eglise n'a iamais flory sans escoles. Dieu a
voulu que certaines congregations fussent au tabernacle
que Moyse avoit édifié, et puis après au temple,
non pour aultre cause sinon à celle fin qu'illec
l'estude de la loy divine et d'aultres bonnes sciences
eust vigueur à cause de l'assemblée et que la ieunesse
fust entretenue et exercitée. Pour ceste cause Samuel
en sa ieunesse a esté mené au tabernacle,
comme à une université: puis Elie, Elisée, Iehan
Baptiste, CHRIST, ont eu une tresgrande multitude
d'auditeurs. Les Apostres aussi ont gardé ceste
coustume, comme il appert par Irenee qui testifie
que S. Iehan n'a point seulement enseigné la multitude
des gens non lettrez, mais aussi qu'il a eu
aucuns auditeurs permanens, qui s'estoyent du tout
addonnez à l'estude, lesquelz il avoit de coustume
d'enseigner familièrement, mesmes hors les assemblées
de toute l'Eglise. De là sont sortiz les collieges
anciens: et c'estoit aussi une chose bien profitable
qu'on eust telles escolles : lesquelles rendoyent
tesmoignage de la doctrine qui avoit esté receue des
Apostres: et contregardoyent la sentence d'iceux. A
ceste cause ces escolles anciennes sont souventesfoys
alléguées, et pour l'amour d'icelles leur succession
d'ordre en ordre est louée, d'autant qu'elles estoyent
comme certains tesmoings de la doctrine
Apostolique. Maintenant ces louenges sont transférées
et applicquées pour amplifier leur puissance,
puis après que les richesses, domination royale et
ooubance, ont esteinct l'estude des collieges, grosses
ténèbres se sont fourrées dedans l'Eglise, et de là
est venue la théologie des moynes, meslée avec une
sotte et ignorante philosophie, et superstitions, [fol.
137] Et maintenant elle est en vieillie et caducque.
öalvini opera. Vol. V.
Parquoy les saiges gouverneurs doyvent donner ordre,
que de rechef, la vraye et pure doctrine de-
Christ soit enseignée aux escoles, à celle fin que la
vérité non corrumpue, puisse estre communicquée
aux pasteurs.
D'avantage, pource qu'on aura faulte d'un grand
nombre de Pasteurs, en chascune contrée, paovres
escoliers doyvent estre nourriz du bien publicque,
lesquelz après qu'ilz auront apprins la doctrine chrestienne,
pourront estre ordonnez sur les Eglises.
Ceste est la vraye et ancienne coustume de l'Eglise.
Noz adversaires s'escryent si souvent à l'encontre
de nous, que nous ne tenons compte de la
coustume de l'Eglise: combien que eux mesmes ont
destruict totalement ces institutions, tant utiles, des
Prophètes et Apostres. Or à celle fin, quelles soyent
remises en leur entier et aussi conservées: il fauldra
que les gouverneurs y employent tout leur effort,
en telle sorte que les escoles florissent, et que
la doctrine salutaire soit advancée: à celle fin que
ceux qui s'addonnent à l'estude, lesquelz puis après
doyvent estre ordonnez sur les Eglises, soyent préparez,
entretenuz et enseignez.
Or il convient corriger deux choses es universitez:
c'est à sçavoir les doctrines, et la discipline.
Les gens bien sçavans et prudens pourront prescrire
l'ordre d'enseigner les artz- et sciences, en sorte
que la ieunesse ne s'applicque point seulement es sciences
prophanes, mais aussi quelle apprenne la doctrine
chrestienne : d'avantage, qu'elle soit reduicte à
la vraye philosophie et que la Dialectique soit purement
et prudemment enseignée, en reiettant ces
bourdes sophistiques: puis aussi, que la physique et
mathématique s'onsuyvent, qu'on apprenne à bien
parler et escrire: mais ceste partie de doctrine est
trop longue pour estre toute comprinse icy, et aussi
on la doit constituer en chascuns lieux, selon le iugement
des sçavans et entenduz.
La restitution de la discipline requiert l'authorité
et diligence des Princes, [fol. 138] et Magistratz.
Car il est nécessaire que les meurs soyent réglez
par une plus grande sévérité: et que la ieunesse
soit contenue en certaines limites, la réduisant à
exercices chrestiens. Il fault aussi restraindre la
trop grande liberté, défendre les banequetz oultre
heure, tout habillement deshonneste, comme de
gaudisseur et de gendarme. Ceste reformation ne
pourra avoir lieu si les Magistratz par bonne peine
ne punissent les rebelles.
Mais tout ainsi, que Demosthone appelle l'argent
les nerfz de la guerre, aussi il fauldra avoir
quelques revenuz, pour establir et maintenir tous
ces degrez: comme pour nourrir les Pasteurs, les
luges, escoliers et regens. Et il en y a assez, moyennant
qu'on les employe à bien.
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